Qu'est-ce que Profeel, et quel est le rôle du Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) ?

Profeel est un programme d'innovation technologique pour la rénovation énergétique des bâtiments, porté par le gouvernement et financé par les certificats d'économie d'énergie d'EDF, Total, Engie, la CPCU et ENI, soit au total près de 25 M€. Le CSTB et l'AQC (Agence Qualité Construction) sont en charge d'animer les neuf différents projets, aux thématiques spécifiques. Le CSTB est notamment à la tête du projet "Qualité sanitaire et énergétique des rénovations". Nous avons jusqu'à juin 2021 pour produire des protocoles de mesure à destination des professionnels.

Quel est justement l'objectif du projet "Qualité sanitaire et énergétique des rénovations" ?

L'idée est partie du constat qu'une rénovation énergétique pouvait entraîner le développement de pathologies sur le bâtiment pouvant l'amener à être malsain. C'est le fameux effet papillon. Vous améliorez quelque chose, mais cela peut engendrer d'autres complications auxquelles vous n'aviez pas pensé. Par exemple, vous isolez thermiquement une habitation, mais vous ne pensez pas à mettre un système de ventilation adéquat au "nouveau" logement, et vous vous retrouvez avec des moisissures.
Nous avons aussi noté que les mesures de la qualité sanitaire d'un bâtiment étaient très coûteuses, de l'ordre de 6 000 €. C'est un procédé très lourd, et dont peu de professionnels se soucient. Résultat, les bâtiments vieillissent mal, et les occupants en pâtissent.
Notre objectif est donc de créer un protocole de mesures incluant la qualité de l'air intérieur, les moisissures, le bruit mais aussi le confort thermique, et dont le prix coûterait dix fois moins qu'actuellement, soit dans les 600 €. Avec un montant diminué, le processus pourrait facilement être massifié.

Comment allez-vous réaliser ce protocole ?

Nous avons justement deux ans pour réaliser des expérimentations avec différents partenaires, notamment le Cerema, mais aussi des associations spécialisées dans la qualité de l'air intérieur. Les mesures seront faites avant et après la rénovation énergétique de différents bâtiments, à savoir des maisons individuelles, des bureaux, mais aussi des écoles et du logement collectif en région parisienne, dans le Grand Est, le Grand Ouest, en Rhône-Alpes et en Corse, pour en extraire un guide sur la performance globale, énergétique et sanitaire, des bâtiments. Si nous y parvenons, ce sera une réelle innovation.