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Est-ce que la mise en place de la F-Gaz a bousculé votre activité d’importateur et de distributeurs de climatisation ?

Lorsque les quotas ont été mises en place depuis début 2017, la tonne d’équivalent CO2 était autour de 2,10 euros  par tonnes. Le prix était alors suffisamment dérisoire pour que nous n’ayons pas à le répercuter sur le prix de vente. Mais courant 2018, la tonne a franchi la barre des 20 euros et elle frôle aujourd’hui les 35 euros. Nous avons donc été contraints de répercuter cette évolution et de revoir à la hausse nos tarifs proposés à nos clients.

Combien cela représente-il sur un climatiseur ?

Pour un appareil de 2kw chargé avec  0,8 kg R410A, soit 1,76 tonnes de CO2, cela représente un surcoût de 59 euros.  Pour un appareil de 16 kW  chargé avec 4,3 kg de R410A, soit 9,46 tonnes d’équivalent CO2, le surcoût est de 331 euros. Cela représente donc près de 30% du prix de l’équipement. Sur un marché antillo-guyanais de plusieurs dizaines de milliers de climatiseur préchargé, le montant global des quotas se pèse donc en millions d’euros.

L’arrivée du R32 ne modifie-t-elle pas la donne ?

Effectivement aujourd’hui pour les petites puissances, nous ne distribuons désormais plus uniquement que des équipements chargés en R32 et non en R410A. Or pour un équipement de 2kW au R32, la charge inférieure de fluide (0,6Kg) et son GWP beaucoup plus faible font que le surcoût n’est que de 7% du prix de l’équipement au lieu de 30% avec le R410A.

Mais pour les équipements à détente directe de plus grande puissance, du fait des contraintes imposées par la réglementation incendie dans les ERP sur les fluides légèrement inflammable comme le R32, nous ne distribuons toujours uniquement que des machines chargées en R410A.

Ces hausses que vous devez imputer à vos produits ont-elles perturbé le marché ?

Nous n’avons rien contre la F-Gaz et son ambition d’amener les acteurs du marché vers des fluides plus verts. Le problème est que certains la respectent et d’autres pas, ce qui génère une distorsion de concurrence. Ainsi lorsque nous avons dû faire grimper le prix de nos clim de 20%, de manière à répercuter l’impact du coût des quotas F-Gaz, nous avons vu des concurrents continuer de les vendre au même prix. Pour arriver à faire cela, ils doivent soit vendre à perte, soit passer outre le cadre réglementaire. Car au prix où ils vendent leurs clims, il n’est clairement pas possible de faire la moindre marge en incluant les quotas…

Que voulez-vous dire concrètement ?

Les distributeurs aux Antilles font rentrer des clims par les ports de la Guadeloupe, de la Martinique ou de Guyane directement des pays  Est et Sud Est asiatique. Nous sommes donc, aux yeux de la F-Gaz, une porte d’entrée en Europe pour des équipements déjà chargés en fluide. A ce titre nous devons bénéficier d’autorisation de quotas. Soit les fabricants de clim nous les rétrocèdent moyennant finance, soit on les achète à un tiers acteur (chimiste). Cela se passe sur le portail de la F-Gaz, où nous avons, à la manière d’un compte bancaire, des débits et crédits de quota. Le souci c’est que cela est purement déclaratif. Je peux donc tout à fait ne rien déclarer, ou minimiser les quantités .

Il n’y a pas de contrôle ?

Ceux qui qui sont sur le site de la F-Gaz, et donc jouent le jeu, sont contrôlés. Nous avons-nous même dû fournir l’ensemble de nos registres informatiques. Mais les hors-la-loi sont ailleurs et ceux-là personne ne les contrôle. J’ai déjà envoyé 15 courriers à la direction générale de la prévention des risques pour les avertir, avec la liste complète de tous les importateurs. On m’indique à chaque fois tenir compte de mes lettres… Je ne suis pas mécontent de la F-Gaz, mais, si on ne la fait pas respecter, on ne permet pas aux acteurs de jouer avec les mêmes règles.