picture






Dans un peu plus de deux mois, les acteurs du photovoltaïque européen se réuniront à Marseille à l'EU PVSEC (European Photovoltaic Solar Energy Conference and Exhibition), l'un des événements les plus importants au monde pour la recherche et le développement, mais aussi l'industrie et l'application des nouvelles technologies. L'occasion pour la France, selon Florence Lambert, présidente de l'EU PVSEC et directrice du CEA-Liten, de montrer de quoi elle est capable. "Nous faisons souvent preuve de misérabilisme face à la Chine en ce qui concerne le photovoltaïque, mais aujourd'hui nous avons une vraie fenêtre d'opportunité." La scientifique fait référence à une nouvelle technologie, développée en Europe, l'hétérojonction du silicium.

L'hétérojonction de silicium pour combattre le goliath chinois

Cette technologie, qui consiste à doper au phosphore un coeur de cellule de silicium monocristallin de type N grâce à un procédé de fabrication allégé, avec une eau chauffée à 200 °C au lieu des 400 °C, voire 800 °C, pour les technologies "classiques", garantit des rendements de 24 %, une réelle avancée scientifique. "Nous avons traversé la vallée de la mort, confie Florence Lambert. La technologie n'était pas prête, il a fallu mesurer les coûts de production et de rentabilité." C'est désormais chose faite, les chercheurs et industriels français estiment le prix à 0,24€/W, et espèrent une alliance européenne, franco-allemande ou franco-italienne, pour voir émerger cette technologie.

Des industriels de haut niveau comme alliés

"Il y a un caractère d'urgence sur le démarrage de la filière française, et européenne, constate Florence Lambert. La Chine est arrivée au bout de sa technologie, nous avons donc quelques années d'avance avec l'hétérojonction. Il faut maintenant un vrai réveil industriel. Ce ne sont pas des start-up qui sont en capacité de soutenir les temps longs du monde de l’énergie. La première ligne de 200 MW de capacité en hétérojonction a été installée par la société italienne 3Sun à Catane via un investissement de 50 millions d’euros. Mais il ne faut pas s’arrêter là."  La présidente de la conférence espère voir d'ici deux ans se créer une gigafactory à technologie hétérojonction pour 200 millions d’euros en France, subventionnée par des financements privés avec un triple objectif : 30 % de rendement d'ici 2030 à 30 centimes de dollars.