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Comment voyez-vous l'autorisation des serres chauffées en agriculture bio récemment accordée par le comité national de l'agriculture biologique (CNAB) ?

C'est à la fois une bonne et une moins bonne nouvelle. La moins bonne nouvelle serait de critiquer l'émission de CO2 qu'engendrera le chauffage de ces serres. Actuellement, la plupart sont chauffées au gaz, au fioul, et pour les installations plus vertueuses, au bois-énergie. Mais la bonne nouvelle est que, après décision du CNAB, le recours aux énergies renouvelables sera obligatoire pour chauffer toutes les serres françaises à partir de janvier 2025. Chez Helioclim, nous avons donc toutes nos chances de démocratiser notre solution, à savoir des capteurs solaires thermiques à concentration couplés à une machine à absorption.

Comment fonctionne votre solution ?

C'est assez simple. Plutôt que de consommer de l'énergie conventionnelle pour faire de la chaleur, nous allons chercher la chaleur là où elle est, c'est-à-dire, dans le soleil. Nous avons créé des capteurs solaires thermiques très légers, semblables à de longs miroirs incurvés, qui, reliés à un circuit hydraulique, vont restituer la chaleur solaire pour la stocker dans un ballon d'eau. Puis, comme un système de chauffage central, la chaleur, à travers une boucle d'eau, sera redistribuée dans toute la serre.
En été, si, nous avons un excédent de chaleur solaire thermique, elle sera utilisée pour déshumidifier la serre en créant du froid avec une machine à absorption qui utilise la chaleur comme source d’énergie en lieu et place de l'électricité. En hiver, en cas de faiblesse solaire, la machine à absorption pourra fonctionner au gaz, et produire plus de chaleur qu'elle n'en consomme car elle fonctionne comme une pompe à chaleur.

Avez-vous déjà installé un système équivalent ?

Un projet est en cours avec un serriste et un partenaire industriel spécialiste de l'énergie dans la région de Marseille. L'installation devrait comprendre plusieurs centaines de capteurs, pour environ 2MW de chaleur générée. Je ne peux pas encore dévoiler de nom, le dossier est actuellement à l'étude auprès de l'Ademe pour savoir si nous sommes éligibles à certaines aides. Sauf qu'avec cette polémique autour des légumes bio chauffés, il se pourrait que la réponse tarde un peu à arriver. En revanche, nous avons déjà installé un système semblable à Saint Christol d'Albion, dans le Vaucluse. Des capteurs solaires thermiques d'une capacité totale de 560 kW ont été couplés à une chaufferie biomasse pour alimenter le réseau de chaleur de la base de défense militaire, soit l'alimentation de 50 bâtiments, entre habitations, restaurant, gymnase ou encore piscine. Nous nous destinons essentiellement au tertiaire et à l'industrie, les installations étant encore coûteuses, elles ne seraient pas assez vite rentables pour des petites puissances, et donc chez des particuliers.