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Les systèmes de régulation sont-ils à l’aube d’une révolution algorithmique ?

En France, nous sommes encore au XXème siècle, pas au XXIème siècle. Aujourd’hui, les systèmes de pilotage sont monolithiques. L'exploitant GTB l’affine au fil des saisons et quand il s’en va, plus rien ne fonctionne. Cela va nécessairement évoluer avec le débarquement, tôt ou tard, de l’intelligence artificielle. Des start-ups comme les canadiens deBrainbox.ai et Maxen montrent la voie. En France, seule la société Ubiant dispose d'une technologie similaire, et même supérieure car plus adaptative.  

En outre, le bâtiment va pouvoir tirer profit de l’incroyable développement de nouveaux capteurs, lidars et radars en cours dans l’automobile. On peut d’ailleurs voir des initiatives dans le bâtiment comme le radar de détection de présence dans une pièce de la société Hitachi Vantara. Les tarifs sont encore élevés mais ils vont chuter grâce au développement de la mobilité électrique autonome. 


 

Y'a-t-il d’autres éléments qui manquent aujourd’hui pour faire basculer la régulation dans une nouvelle ère ? 

Il manque cruellement d’adresses IP pour chaque objet connecté. Il est donc indispensable d’attribuer des numéros d’identification. Identifier un capteur ne suffit pas, il faut aussi le localiser précisément dans le bâtiment. Nous avons pu le constater avec l’exemple de Notre-Dame de Paris. Un article du Canard Enchainé laisse entendre que l’incendie aurait été causé par un défaut électrique. L’élévation de température avait bien été détectée par un capteur et l’alerte a été donnée mais le surveillant ne savait pas où était le capteur et a perdu un temps précieux à le localiser, permettant à l'incendie de progresser. 

Résultat : on conçoit aujourd’hui un modèle BIM de la cathédrale où on y place les capteurs et leur description.  


 

Cela nécessite d’utiliser une plateforme interopérable avec tous les éléments du bâtiment…

Effectivement. Cela suppose d’avoir un système d’exploitation commun. Pour faire une comparaison avec le monde de l’informatique, c’est grâce au système d’exploitation de Microsoft que vous faites tourner « Office » sur votre ordinateur ou voyez directement la clé USB  sur le bureau. Nous avons besoin de la même chose appliquée au bâtiment : un « Building operating system », un OS spatial offrant nativement des services de localisation des objets et des personnes, avec des garanties de sécurité et de respect de la vie privée des habitants. Le "plug and play" devient "le plug and sense" dans cet univers.   

Il y aura des systèmes propriétaires, comme le Linksper de Btib, et un système open source, articulé autour de l'intergiciel EdgeXfoundry et soutenu par la fondation Linux. D'ores et déjà, le BOS est au coeur des débats du salon IBS 2019.