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Comment votre secteur a vécu cette "invasion thermodynamique" depuis le début de l'année ?

Nous avons pu constater une envolée des marchés de la PAC, notamment air / eau, entraînant une augmentation des délais de livraison. Aujourd'hui, nous sommes encore en flux tendu avec les fabricants et distributeurs, pour un délai moyen de quatre semaines. D'ailleurs, le phénomène n'est pas isolé, nous connaissons les mêmes problématiques avec les fabricants de chaudières biomasse.

En revanche, entendre dire que nous aurions profité de cette aubaine pour augmenter les prix des équipements m'agace ! Il ne faut pas généraliser. Preuve en est, dans notre entreprise, les prix n'ont pas bougé. Mais, comme à chaque effet d’annonce, des sociétés mal intentionnées profitent du système pour en tirer un avantage financier, au détriment du service client et du client lui-même !

Quel regard portez-vous sur la réforme du crédit d'impôt attendue pour 2020 ?

Le principe de transformation d’un crédit d’impôt en prime est, en soit, une très bonne idée. Cela évitera aux clients d’attendre jusqu’à 18 mois la récupération de cette aide. Néanmoins, nous ne pouvons pas nous satisfaire des dispositions envisagées. Cela représente une baisse globale des aides et une suppression insensée d’accompagnement financier de certains ménages, notamment sur les chaudières gaz. D’autant qu’avec l’annonce de la baisse des plafonds de l’Anah pour le dispositif "Agilité", et un regroupement annoncé des deux aides, nous ne pouvons que craindre une baisse globale supplémentaire. Depuis de nombreuses années, la profession et l’ensemble des métiers du bâtiment réclament une visibilité à long terme, ce qui est apparemment, tous gouvernements confondus, trop demandé.

Justement, comment avez-vous réagi à l'annonce du gouvernement de passer de 10 000 € à 4 000 € maximum l'aide "Agilité" de l'Anah ?

Encore une décision immédiate, sans consultation, qui pénalise avant tout de nombreux foyers ! Cette soudaineté est inadmissible ! Je pense surtout aux pauvres gens qui étaient en train de s'engager dans les démarches... D'ailleurs, aujourd’hui, même s'il est difficile de quantifier, nous sentons un ralentissement, certes léger, de la demande des particuliers.

Son remplacement par l'aide "Sérénité", également délivrée par l'Anah, qui oblige un résultat de gain énergétique, n'est-elle pas une bonne chose ?

Bien sûr, ce dispositif devient plus avantageux, puisque l'aide "Sérénité" peut atteindre 10 000 €, et assure un travail bien fait, donc évite aux éco-délinquants de profiter de la situation. Mais il va falloir revoir tous les dossiers de demandes de nos clients auprès de l'Anah ! Encore une fois, une majorité de professionnels va devoir payer pour une minorité de margoulins sans scrupules !

Rappelons que ces aides pour travaux dits "simples" nous ont obligés, nous artisans RGE, à devenir les accompagnateurs administratifs de nos clients, pour les aider à monter les dossiers, et à toucher ces primes. Nous avons dû nous restructurer, alors que c'était aux services de l'Etat de le faire ! Dans notre département, l'Anah est débordée, et nous devons attendre plusieurs mois avant le traitement des dossiers, alors que cela ne devrait prendre que quelques semaines. La première chose à faire, à mon avis, serait plutôt d'augmenter les effectifs au sein des structures publiques plutôt que de changer, encore, les règles du jeu.