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Pourquoi avoir créé au sein de l’Assemblée nationale ce groupe d’études « Air et santé : impact de la qualité de l’air intérieur et extérieur » ?

Je cherche depuis quelque temps à faire évoluer les mentalités au sein des parlementaires sur l’importance de la qualité de l’air intérieur (QAI). D’ailleurs, à la base, ce groupe ne devait traiter que de la QAI. Et puis, pour susciter plus d’intérêt de la part de mes collaborateurs, nous avons élargi à la qualité de l’air extérieur, sujet déjà plus ancré dans les réflexions politiques et sociales.

Quant à faire un parallèle entre la qualité de l’air et la santé, cela paraissait comme une évidence. En France, l’Agence nationale de la sécurité sanitaire et l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur dénombrent 28 000 nouveaux cas de pathologies et 20 000 décès par an liés à une mauvaise qualité d’air intérieur… Soit, en termes financiers, un coût annuel de 20 milliards d’euros. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. C’est pour ça que notre groupe d’études va auditionner des professionnels de l’environnement, mais également des médecins, afin de faire remonter leurs remarques, leur fonctionnement, et leurs propositions.
 

Les acteurs de la ventilation sont-ils à la hauteur de l’enjeu majeur de santé public ?

Du côté des fabricants, que j’ai rencontrés pour certains, les solutions existent. Le problème vient plutôt de la pose. Il faut structurer la filière. Il faudrait pour cela rendre obligatoire une vérification de l’installation à la livraison, mais cette obligation est encore perçue comme une contrainte, certains ont peur qu'elle complexifie le marché, voire le ralentisse.

Selon moi nous avons loupé le coche, nous aurions dû intégrer la ventilation au DPE. J’avais d’ailleurs proposé dans la loi Elan qu’un diagnostic du système de ventilation soit obligatoire, avec une remontée des données vers le CSTB, mais le gouvernement a préféré changer le caractère obligatoire en possibilité. C’est finalement la voie de l’accompagnement qui est privilégiée. Il faudra donc renforcer les territoires, et mettre en avant les conseillers médicaux en environnement intérieur (CMEI), qui ne sont pas suffisamment reconnus à mon avis.
 

Quelle a été votre réaction suite à l’invitation du Conseil général de l’Environnement et du Développement Durable à refonder l’Observatoire de la Qualité de l’Air intérieur (OQAI) ?

Je ne partage pas ce désamour pour l’OQAI. On doit maintenir un observatoire ou un centre de recherche appliquée de la qualité de l’air intérieur. Il faut mener des investigations. Bien sûr, nous avons un train de retard sur la façon d’observer la qualité de l’air intérieur. Mais, plutôt que de taper sur un système déjà en place, peut-être pourrions-nous assurer son fonctionnement avec un montage financier moins fragile, en faisant appel à des investissements privés.


Retrouvez Claire Pitollat jeudi 27 juin à Ventilation Day au siège de la FFB à Paris, une conférence organisée par Génie Climatique Magazine et l'UMGCCP. Inscriptions et programme de cette journée ici.