Treize acteurs de la filière ont fait part de leur colère et de leur incompréhension quant aux choix pris pour les simulations de la nouvelle réglementation environnementale dans un courrier adressé à Edouard Philippe.






Les signataires de la lettre, parmi lesquels l'AFG, la Fedene, le Cibe, Coénove, Enerplan ou encore l'UMGCCP et Uniclima, déplorent une modification "très substantielle" du facteur d'émission du chauffage électrique, passant "artificellement" de 210 g de CO2/kWh, actuellement dans la RT2012, à 79 g de CO2/kWh. "Le même radiateur électrique émettra demain 2,6 fois moins de carbone sans avoir rien modifié sur le fond" déplorent les professionnels.

Ils dénoncent également l’ajustement du coefficient d’énergie primaire de l'électricité, passant de 2,58 dans la RT2012 à 2,3 dans les simulations de la RE2020. Selon les professionnels, cette modification est fondée "sur une projection hypothétique du mix énergétique français moyen sur les 50 prochaines années plutôt que sur la réalité actuelle."

Selon eux, "la modification de ces critères, qui peut sembler anecdotique et technologique, présente cependant des conséquences concrètes tout à fait négatives. En effet, en retenant ces valeurs, qui ne reposent pas sur des méthodes éprouvées et partagées, le gouvernement favoriserait, de fait, le chauffage électrique, au détriment des autres énergies, et en particulier des solutions de chauffage par des énergies renouvelables (bois, géothermie, solaire, biogaz). Elle réduirait artificiellement le bénéfice environnemental de la rénovation énergétique des logements alors qu’il s’agit d’une priorité annoncée du gouvernement et alors que la réduction de la pointe électrique d’hiver carbonée est identifiée dans le projet de Programmation Pluriannuelle de l’Énergie comme un enjeu important. Cette manipulation risque d’avoir un effet inverse, avec des impacts négatifs non négligeables en termes d’émissions de carbone, de sécurité d’approvisionnement, de promotion de solutions de chauffage innovantes et sur le budget des ménages."

Les signataires ont demandé au gouvernement de revoir les calculs du facteur d’énergie primaire et du contenu carbone de l’électricité "avec les données existantes les plus récentes, en s’appuyant sur les méthodes de calcul pertinentes et éprouvées actuelles."