Profitant de la rénovation du bar accolé à la brasserie Gallia implantée à Pantin, en Seine-saint-Denis, ses responsables ont eu l'idée de récupérer la chaleur du résidu du malt pour servir d'appoint à une chaudière gaz THPE fraîchement installée et ainsi chauffer les quelque 100 m² de la salle, comptoir inclus.

Le bar Gallia, installé au coeur de la brasserie du même nom à deux arrêts de métro de Paris, a fermé provisoirement ses portes l'été dernier pour opérer de grands travaux, notamment d'isolation thermique, avec une idée innovante : utiliser les calories générées par le brassage de la bière pour apporter le confort qui manquait jusqu'alors quand les clients venaient boire une pinte en plein hiver. " La brasserie a un énorme potentiel énergétique, explique Olivier Duboué, directeur du bar, à l'initiative du projet. Parmi les pertes caloriques identifiées dans le processus de brassage, celles liées à la drèche nous semblaient idéales pour créer un appoint au système de chauffage du bar."

Pinte de chaleur fatale

Pour ceux qui connaissent mieux la bière une fois dans la bouteille, les drèches correspondent en fait aux résidus du malt concassé et transformé en moût avant que cela ne devienne une boisson alcoolisée. Jusqu'à présent, cette matière organique, qui ressort du brassage à 70 °C, était donnée à une unité de méthanisation en Île-de-France, participant donc à la production de biogaz. "Il n'y aura aucun changement à ce niveau, assure Olivier. Nous profitons seulement du refroidissement des drèches pour récupérer les calories." Un refroidissement qui s'opère, selon Alexis Bouillon, ingénieur du bureau d'études Éléments Ingenieries, en charge de la conception de l'échangeur thermique, en une demi-heure. "L'objectif est donc, en sortie de brassage, de venir poser sur le bac qui récupère les drèches un couvercle dans lequel se trouve un échangeur thermique. Il s'agira en réalité d'un serpentin d'eau fixé sur une plaque carrée en métal d'1,50m de côté, équipée également de pieux en forme de croix. Ces pics viendront s'enfoncer dans la drèche." Alexis prend la précaution de parler au futur, car aucun système équivalent n'existe, et le bureau d'études s'est lancé le défi de créer cet échangeur, avec l'aide de jeunes têtes pensantes. " Actuellement, le projet est entre les mains d'étudiants d'un lycée professionnel à Argenteuil. Les élèves et leurs professeurs, notamment de mécanique des fluides, ont jusqu'à la fin de l'année scolaire pour nous proposer leur solution. " Mais sera-t-elle vraiment une solution miracle pour chauffer l'intégralité du bar de la brasserie ?

Brasser ou chauffer, il faut choisir

" Non, bien évidemment ! L'idée est de servir d'appoint à la chaudière, explique Olivier. Nous estimons que cette récupération de chaleur permettra une production de 20 à 30 % de la chaleur nécessaire pour faire fonctionner les radiateurs dans le bar de 100 m²." Les ingénieurs avaient d'ailleurs pensé à relier leur système de récupération de chaleur à la grosse chaudière gaz qui sert à faire chauffer l'eau pour le brassage de la bière. " Nous avons rapidement décidé de plutôt installer une petite chaudière, exclusivement réservée au chauffage du bar, parce que les brasseurs avaient un peu peur qu'une défaillance de notre installation entraîne une panne du brassage ! " L'entreprise SES, en charge de l'installation du chauffage dans le bar, décide alors d'installer une chaudière à gaz murale de 20 kW, ainsi qu'un ballon de stockage de 500 L à 80 °C. C'est sur ce réservoir qu'une deuxième boucle d'eau permet de préchauffer l'eau grâce à la récupération de la chaleur des drèches. " L'eau part à 40 °C et revient à 60 °C dans le ballon" explique Alexis. Mais cette récupération de chaleur est-elle permanente tout au long de l'année ?

Le patron paie sa tournée

" En réalité, nous brassons environ trois jours par semaine, donc cet appoint est assez ponctuel. Il ne permettra pas de préchauffer de manière constante le bar " confie Olivier. Quant à pérenniser ce sytème de récupération de l'énergie issue de la brasserie, Olivier rêve de déployer cette solution sur le deuxième site de Gallia, actuellement en construction à Sucy-en-Brie, dans le Val-de-Marne. En attendant, Olivier espère surtout que ses clients n'auront que le verre de bière qui sera froid l'hiver prochain à Pantin.

Fiche technique

pictogramme cuve de brassage ? ou verre de bière ?

Seine-saint-Denis (93)

Pantin

ContourdelacarteFranceSeinesaintDenis-93-Pantin.jpg

Équipements

Chaudière gaz murale De Dietrich de 20 kW

Ballon d'eau Thermor de 500 L

Echangeur thermique

Radiateurs

Poste couvert

Chauffage d'un bar de 100 m²

Exploitation

À partir de septembre 2020

Acteurs

Conception : Éléments Ingénieries

Installation : Société Énergies Services