Pour Gaël Parrens, vice-président de Qualit'EnR et gérant d'Aquasun dans les Pyrénées-Atlantiques, le gouvernement devrait plutôt multiplier les contrôles administratifs plutôt que les audits des entreprises.





Quel est votre avis quant aux mesures annoncées pour faire évoluer le dispositif du label RGE et lutter contre les éco-délinquants ?

Je ne trouve pas que de passer d'un audit tous les quatre ans à deux, voire trois en fonction du nombre de qualifications, va stopper ces margoulins. En revanche, tous les autres installateurs consciencieux vont être pénalisés par ces contrôles, et vont perdre du temps et de l'énergie ! D'autant que ces éco-délinquants représentent environ 4 % des entreprises labellisées RGE. Elles sont facilement identifiables car elles ont plusieurs marques auxquelles sont rattachées au moins trois à quatre qualifications, mais elles sont également très structurées dans leur escroquerie. Il faut réussir à les coincer avec d'autres systèmes règlementaires que le dispositif du label RGE.

À quelles solutions pensez-vous ?

Il suffit déjà de se rendre à une foire pour voir ces bandits agir ! J'ai souvent eu des clients, et pas forcément les plus crédules d'entre eux, qui s'étaient fait avoir par leurs beaux discours, pris dans l'effervescence commerciale de ces événements. Je pense donc qu'il faut absolument mettre en place un délai de rétractation pour toute vente réalisée lors de foires. Ensuite, une des méthodes radicales, et une des seules qui pourraient faire flancher ces éco-délinquants, serait de s'attaquer directement à leur fiscalité. Il faut renforcer les contrôles administratifs, comme les impôts et l'Urssaf, de ces structures aux pratiques commerciales douteuses.

En parlant de pratiques douteuses, que pensez-vous que l'interdiction du démarchage téléphonique dans la rénovation énergétique actuellement entre les mains du Sénat ?

Bien sûr que cela part d'une bonne intention, mais encore une fois, cette interdiction va compliquer le travail des "bons" installateurs ! Si le texte est adopté en lecture finale à l'Assemblée nationale, cela voudra dire que je ne pourrai plus appeler mes clients pour leur proposer mes services ! Si les entrepreneurs ne peuvent plus appeler, alors pourquoi les politiciens auraient le droit de démarcher pendant leur campagne électorale ? Cette mesure manque d'égalité. Pour en revenir à la rénovation énergétique, le gouvernement devrait plutôt s'attaquer aux centrales d'appels. J'ai le sentiment qu'on nous enlève notre liberté d'entreprendre, que pour 4 % de bandits, on complique la vie de tous les autres artisans qui travaillent bien ! Ce sont des bonnes idées à la base, mais elles sont terriblement mal appliquées.