Thomas Becker, installateur dans la Meuse, constate encore une crainte chez les particuliers pour ouvrir à nouveau leur porte.

Comment envisagez-vous ce deuxième mois de confinement ?

J'ai proposé à mes techniciens, sur base de volontariat, de revenir travailler. Tous étaient pour retourner sur les chantiers, et ne pas perdre en salaire. Nous avons donc repris l'activité il y a une dizaine de jours, et depuis ce lundi, nous sommes à 100 %, mais uniquement chez des clients professionnels. Nous suivons les prescriptions de l’OPPBTP pour ne mettre en danger personne. C'est pour l'instant assez facile, car sur la plupart de nos chantiers, nous sommes les seuls à intervenir. Par contre, c'est sûr qu'on a les mains usées par le gel hydro-alcoolique !

Pourquoi n'avez-vous pas repris les chantiers dans le résidentiel ?

C'est encore compliqué chez les particuliers. Nous sommes dans le Grand Est, et la région a été la première touchée, et très fortement. Moi-même, je suis tombé malade à cause du coronavirus. Les gens sont encore craintifs, même quand on leur présente le guide des bonnes pratiques de l'OPPBTP. Je pense qu'il faudra du temps pour qu'ils reprennent confiance et qu'ils nous rouvrent leur porte. Il faut savoir être patient, cette situation reste exceptionnelle.

Ne craignez-vous pas pour l'avenir économique de votre entreprise ?

Bien sûr, nous aurons deux mois creux, cela va faire un trou dans la trésorerie de quelques dizaines de milliers d'euros, une fois le chômage partiel remboursé par l'Etat. Nous pouvons cependant continuer à travailler, et nous aurons toujours de quoi faire tourner la boutique. Avec un peu de trésorerie, nous ne serons pas très impactés, même s'il faudra faire sans ces deux mois à facturer. Forcément, les boîtes qui étaient déjà fragiles avant cette situation pourraient être amenées à disparaître.

Justement, comment imaginez-vous l'après ?

Nous allons déjà devoir honorer notre retard de trois mois, puisque nous avions déjà un retard avant le confinement. Ensuite, nous verrons bien les retours de nos clients. Certains sont déjà très tempérés. Ils n'osent pas s'engager parce qu'ils ne savent pas de quoi l'avenir sera fait. Ce climat d'incertitude et de peur risque de traîner un peu, pendant plusieurs mois, peut-être même jusqu'à la fin de l'année, mais nous tiendrons économiquement, parce qu'à un moment, les gens auront besoin de nous, et que nous pouvons toujours faire rentrer un peu d'argent. Un chauffagiste, ce n'est pas un restaurateur !