Frédérique Torres, présidente d'Homeserve Energy Services, se confie sur l'évolution du groupe depuis 2017, l'impact de la crise sanitaire et les ambitions à cinq ans de l'entreprise.

Comment avez-vous vécu l'année 2020 ?

Comme tout le monde, les mois de mars et avril de l'année dernière ont été très compliqués. Nous avons réalisé uniquement des interventions d'urgence et nous avons pris le maximum de précaution, pour nos salariés mais aussi les clients. À l'époque, les gens ne mettaient pas de masque ! Nous avons tout de même remarqué plusieurs effets positifs liés à cette période.

Nous avons notamment testé un système de dépannage à distance avec une application en visio pour prendre la main sur le smartphone du client, identifier le problème et guider le client pour y remédier ou bien mieux se préparer à l'intervention physique. C'est d'ailleurs un outil que les techniciens continuent d'utiliser encore maintenant. Il leur permet de gagner beaucoup de temps et de venir en aide à plus de clients dans la même journée.

Le développement d'Homeserve Energy Services a également été très dynamique en 2020. Nous avons acquis six entreprises en dix mois. La crise a sans doute accéléré le processus. Certains songeaient déjà à vendre, la pandémie les a aidés à franchir le pas.

Les entreprises que vous rachetez depuis 2017 gardent toutes leur identité. Pourquoi ne pas les renommer avec le nom de votre marque ?

Elles ont chacune une forte représentativité locale, sont connues sur leur territoire. Nous ne voulons pas changer leur âme, mais bien les développer. Nous leur apportons notre savoir-faire, que ce soit en marketing, service après-vente ou en ressources humaines mais aussi notre puissance financière pour des achats de stocks plus conséquents par exemple.

Le chantier de 2021 sera de les rendre plus digitales grâce au développement des sites Internet de chacune de nos dix filiales. Nous les équipons également progressivement d'une solution CRM, Salesforce, commune à toutes les entreprises. Les techniciens seront équipés de tablettes pour éviter de brasser du papier et de notre côté nous aurons une vue globale de l'activité des sociétés. Aujourd'hui, chacune a son propre mode de fonctionnement. La collecte de données est plus complexe.

Envisagez-vous d'acquérir d'autres entreprises ?

En 2021, nous venons d'intégrer PH Energies et Roussin Energies. Ce qui porte à dix le nombre de filiales Homeserve Energy Services en France, avec 215 000 interventions par an et un chiffre d'affaires de 40 M€. D'ici cinq ans, nous visons d'être présents dans trente départements de l'Hexagone. Nous voulons vraiment accompagner nos clients dans la transition énergétique. Le seul frein que nous pourrions rencontrer est le manque de main d'oeuvre. Les métiers manuels n'attirent toujours pas, alors qu'il y a du travail ! Nous allons d'ailleurs intégrer des jeunes talents à nos entreprises et faire en sorte que de nouveaux professionnels qualifiés arrivent sur le marché et nous permettent de répondre à la demande des clients.

Comment vous positionnez-vous avec l'invasion thermodynamique que connaît la France ?

Notre but est de nous ancrer sur le marché du multi-énergies. En 2017, nous avions acheté des entreprises inscrites sur le marché du chauffage au gaz, puis nous avons intégré des sociétés spécialisées dans la biomasse et enfin dans les énergies renouvelables. Désormais, nous souhaitons faire passer à nos salariés des filiales 100 % gaz des formations pour pouvoir manipuler les fluides et développer l'installation et la vente de pompes à chaleur. De même, alors que ces entreprises sont très structurées pour le SAV clients, le suivi de leur parc de chaudières, leur entretien, dans celles à forte dominante PAC il est encore peu existant. Nous allons reproduire le modèle du gaz en nous appuyant sur l'obligation d'entretien des pompes à chaleur tous les deux ans.

Vous aviez lancé il y a quelques années un service de location de chaudières. Où en êtes-vous ?

Nous devons reconnaître que cette innovation n'a pas fonctionné, les prix n'étaient pas compétitifs par rapport à l'acquisition d'une chaudière en bénéficiant des aides de l'Etat. Elle aurait pu intéresser les propriétaires bailleurs, mais eux aussi peuvent désormais être éligibles aux dispositifs d'aides. J'y crois encore. Peut-être que la fin de la bonification du Coup de pouce chauffage pour la chaudière gaz fera revenir notre offre de location de chaudière sur le devant de la scène...