La filière de la pompe à chaleur veut attirer jeunes et moins jeunes pour gonfler les rangs, de la R&D à l'installation, en vue de la hausse prévue du marché sur les dix prochaines années.

Avec un marché en forte augmentation depuis quelques années, en témoignent les chiffres à fin août dévoilés par PAC&Clim Info, on pourrait penser que la pompe à chaleur crée des métiers pleins d'avenir. Pourtant nombreux sont les professionnels sur le terrain qui se plaignent d'une pénurie de main-d'oeuvre. " Nous manquons de bras et de cerveaux " constate Olivier Dekens, en charge du groupe de travail Attractivité métiers au sein de l'Afpac.

5 000 installateurs à trouver d'ici 2030

En se basant sur l'état du marché à fin 2020, l'association française de la pompe à chaleur a recensé un besoin important de nouvelles recrues d'ici à 2030 dans le secteur : 2 000 chez les fabricants, 3 000 chez les grossistes, 5 000 chez les installateurs et 10 000 au S.A.V., soit 20 000 professionnels supplémentaires aux 35 000 qui composent déjà la filière. " Ce scénario pourrait ne pas suffire si la dynamique de marché s'accélère encore " prévoit Olivier Dekens.

Et la filière peut être confiante. La RT2012 était favorable à l'installation de PAC air / eau, géothermiques et CET, la RE2020 le sera également, dès janvier prochain en maison individuelle et à partir de 2025 dans le collectif. Dans l'existant, les incitations gouvernementales au remplacement de systèmes de chauffage fonctionnant au fioul ou au gaz vers la thermodynamique ont fortement participé à l'invasion de la technologie depuis 2019. L'Afpac veut surtout miser sur la place de la filière comme l'un des acteurs majeurs de la transition énergétique.

Opération séduction chez les jeunes et pour la reconversion

Problème, pour embaucher, encore faut-il être connu. Les désertions des lycées professionnels restent encore une énigme pour la filière. Sur les 3 500 diplômés de CAP chaque année, deux tiers continuent les études. La conversion est moins élevée pour les 6 500 Bac Pro, mais reste tout de même conséquente. " C'est une tendance actuelle, de toujours faire plus d'études pour terminer ingénieur, mais cela déséquilibre fortement la filière, d'autant plus actuellement quand les demandes sur le terrain sont nombreuses " estime-t-on à l'Afpac. L'association va donc lancer une campagne de vidéos auprès du jeune public, et de leurs parents, pour présenter les avantages de travailler dans le secteur, avec, dans le rôle principal, des jeunes déjà sur le terrain pour convaincre. Autre angle d'attaque, les profils en reconversion, notamment sortant de l'armée avec un bagage technique, mais également entamer des discussions plus ciblées avec Pôle Emploi pour éviter les campagnes de recrutement vaines. Enfin, l'Afpac imagine également entamer des discussions avec le ministère de l'Éducation nationale afin de redorer l'image des filières professionnelles, mais ce combat sera certainement plus long.