L'Ademe et l'Iddri ont co-signé un rapport intitulé " réussir le pari de la rénovation énergétique " dans lequel il est fortement recommandé de mettre le cap sur la rénovation performante, évoquant la place de la PAC, des réseaux de chaleur et du gaz dans ces travaux.

Rénovation énergétique : la PAC, pas si magique ?

La rénovation énergétique par geste, boostée par les aides telles que MaPrimeRénov', ne serait peut-être pas la bonne solution pour rénover durablement et efficacement le parc immobilier français. C'est en tout cas ce qu'on peut comprendre du récent rapport publié par l'Ademe et l'Iddri le 19 mai dernier. Les auteurs se basent sur des travaux menés depuis fin 2020 pour établir certaines recommandations politiques à l'équipe présidentielle fraîchement réélue et son nouveau gouvernement, l'objectif étant d'accélérer les politiques de rénovation énergétique en France, en s’appuyant sur deux principes clés : changement d'échelle et performance.

La différence entre une bonne et une mauvaise rénovation

Premier constat livré dans cette étude, les politiques de rénovation énergétique restent freinées par des controverses. Il y a d'abord, comme le cite le rapport, une définition fluctuante de la rénovation énergétique. " L’absence de distinction entre les rénovations « par gestes » et les rénovations « performantes » peut induire des raisonnements erronés. Par exemple en considérant que les rénovations énergétiques ne tiennent pas leurs « promesses » en matière d’économies d’énergie et de facture. Or, ce constat s’applique avant tout aux rénovations partielles (gestes isolés, travaux d’entretien), mais n’invalide pas en soi les bénéfices des rénovations globales et performantes, encore trop peu nombreuses aujourd’hui. "

24 Mds€ / an pour des rénovations BBC

Le rapport met également en avant la nécessité de changer d'echelle pour faire de la rénovation performante la norme, en mettant en place des politiques financières adéquates, et ainsi atteindre les objectifs fixés pour 2050. " À première vue, les dépenses actuelles de la rénovation énergétique, de l’ordre de 15 milliards d’euros par an, sont du même ordre de grandeur que les besoins. Mais sans coor- dination, il est peu probable que les travaux menés actuel- lement de façon dispersée aboutissent à des logements « basse consommation ». Dans une trajectoire alternative, les rénovations « basse consommation » seraient réalisées en une seule intervention globale, à un rythme constant entre 2025 et 2050. Dans un tel scénario, les investissements dans les rénovations BBC devraient rapidement s’élever à 24 milliards d’euros par an, contre moins de 500 millions d’euros par an actuellement. "

La PAC, pas si magique

Concernant les différentes solutions de chauffage des logements, l'étude s'attarde forcément sur la pompe à chaleur, " parmi les technologies les plus prometteuses pour décarboner rapidement le chauffage des bâtiments ". Les auteurs insistent cependant sur les limites d'un tel équipement. " Les PAC sont les plus efficaces en tant que chauffages à basse température (moins de 45°C). À l’inverse, une PAC aura un intérêt limité pour remplacer une chaudière haute température (70-90°C) comme une chaudière gaz par exemple. Et ce d’autant plus s’il s’agit d’une PAC qui puise la chaleur dans l’air extérieur : en cas de températures faibles (inférieures à 5°C), elle devra alors activer une résistance électrique supplémentaire, augmentant très fortement sa consommation.

À l’inverse, pour atteindre un bon confort thermique avec un système de chauffage basse température, une bonne isolation de l’enveloppe reste indispensable. L’instal- lation d’une PAC seule ne représente donc pas une solution « magique » pour décarboner les passoires thermiques, et devrait idéalement être intégrée à une rénovation globale visant en premier lieu à améliorer l’isolation thermique. Ce même constat vaut également pour la lutte contre la précarité énergétique. L’installation d’une PAC sans isolation de l’enveloppe pourrait même aggraver les difficultés dans certains cas, étant donné que l’électricité coûte sensible- ment plus cher que les autres sources d’énergie. "

Soutenir la chaleur renouvelable " quoi qu'il en coûte "

L'étude met également en avant les enjeux du déploiement des réseaux de chaleur définis comme " un moyen pertinent de distribuer des énergies renouvelables et de récupération qui ne pourraient pas être transportées autrement jusque dans les centres urbains denses ". Selon les auteurs de ce rapport, en plus de raccorder des nouvelles constructions, la décarbonation des réseaux de chaleur existants doit également être soutenue.

Quant à la place du gaz dans la transition énergétique des logements, il faudra, selon l'étude, diminuer dans tous les cas les apports, le potentiel de gaz renouvelable étant limité. Les auteurs évoquent cependant que le chauffage au gaz reste encore prépondérant dans le logement collectif et devra s'hybrider à l'avenir ou injecter dans le réseau du gaz vert importé pour combler toutes les demandes.

Enfin, le rapport évoque les besoins humains pour réussir pleinement cette massification de la rénovation énergétique performante. S'il y a du travail dans le secteur, reste à voir comment trouver du personnel qualifié et motivé pour répondre à ces objectifs ambitieux.

Pour consulter l'étude dans son intégralité, cliquez ici.

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