Thomas Perrissin, codirecteur général d'ÖkoFen France, s'est confié sur les tensions qu'a connu le marché du granulé fin 2022 et les prévisions pour 2023.

Comment avez-vous vécu l'année 2022 ?

Nous avons débuté l'année avec une très forte dynamique dans la suite de 2021 (NDLR : les ventes avaient doublé de 119 % en un an, passant de 14 000 à 31 000 chaudières granulés). À mi-année, nous savions que l'année serait bonne quoi qu'il arrive. Nous avions estimé une hausse du marché autour de 60 %, finalement, les ventes devraient plutôt avoir augmenté de 30 % sur l'année écoulée. La dynamique reste très forte. Les aides étaient encore élevées, la volonté gouvernementale de sortir du fioul affichée et les messages environnementaux autour du chauffage au bois domestique très présents.

" Il n'y a pas eu de pénurie du granulé ! "

Les tensions sur l'approvisionnement du granulé ont-elles impacté le marché ?

C'est évident. Le dernier trimestre 2022, nous avons accusé le coup des messages négatifs qui ont pu circuler sur le granulé. Nous avons un peu l'impression d'avoir été les premières victimes de l'inflation du coût des énergies parce que la nôtre est une énergie de stock. Le phénomène de panique des consommateurs dès cet été a fortement influencé le prix du granulé. Mais rappelons qu'il n'y a pas eu de pénurie de granulé ! Toute la filière a pris des risques pour continuer à approvisionner, notamment grâce à l'import mais aussi la production locale à partir d'à peu près tout ce qui était disponible comme sciure. Et puis, finalement, les mois de novembre et décembre ayant été particulièrement doux, les stocks de granulés ont augmenté et les prix ont été orientés à la baisse. Le granulé reste globalement nettement moins cher que la majorité des énergies.

Quel retour du terrain avez-vous des installateurs ?

Pour certains, la période a été très compliquée. Ils ont eu le sentiment de se faire disputer par des clients. Quelques-uns se sont même vus accusés d'avoir menti sur l'intérêt économique d'une chaudière à granulés. Alors que l'appareil reste très compétitif, même en connaissant cet épisode de hausse du prix du granulé. J'ai vu des installateurs douter de leur travail. Nous devons désormais regagner leur confiance, en cassant une image qui s'est construite en à peine quelques semaines. Oui, le marché a été tendu, oui, le prix du granulé est monté, mais la solution reste pertinente pour sortir des énergies fossiles.

" Nous devons regagner la confiance des installateurs "

Comment imaginez-vous 2023 ?

Le premier trimestre risque d'être morose, lié à cette perte de confiance. L'image négative de la chaudière à granulés va mettre quelque temps à disparaître. Une chose est sûre, on ne peut pas se passer du bois pour garantir la transition énergétique. Les aides pour la biomasse sont restées hautes pour cette année, c'est un net avantage. Nos appareils vont tout de même connaître une hausse de 5 % à cause de l'inflation, ce qui implique une hausse également du reste à charge. L'énergie demeure très compétitive. Et les stocks sont pleins ! Nous avons retrouvé nos délais classiques de livraison, ce qui n'est pas forcément le cas de toutes les technologies. Tout ce que je peux nous souhaiter pour 2023 est qu'il fasse froid, pour que toute la filière puisse garder une belle dynamique.

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