Selon une étude Heero, une commune sur quatre a une tension artisanale forte à très forte, ne permettant pas aux particuliers d'accéder facilement à un professionnel certifié pour ses travaux de rénovation énergétique.

Artisans RGE : le Sud et Paris en très forte tension

L'accès aux artisans RGE, et donc aux aides à la rénovation énergétique, est très inégalitaire sur le territoire français. C'est ce qui découle de l'étude réalisée par Heero, acteur du financement de la rénovation énergétique. L'entreprise a voulu procéder à un classement par département en fonction d'un indice de tension artisanale. Cet indice permet de mesurer le niveau d'accessibilité à un professionnel RGE en tenant compte des besoins effectifs de rénovation. Il prend notamment en compte la topographie de chaque commune, sa densité en logements et son accessibilité en trente minutes par la route.

À l’échelle de la France, il ressort que l’ITA moyen est de 54 sur 100. Plus précisément, la moitié des communes en France a un ITA entre 46 et 61, témoignant globalement d’une tension moyenne à forte sur le territoire. « Une commune sur quatre de France métropolitaine a une tension artisanale forte à très forte avec un ITA supérieur à 60, ce qui signifie dans les faits que les particuliers ne peuvent trouver aisément de sociétés RGE et sont dans l’impossibilité de faire réaliser les travaux par une société labellisée et donc de bénéficier des aides à la rénovation énergétique » analyse Romain Villain, directeur général de Heero.

Artisan RGE ou montagne et plage, il faut choisir

Heero a voulu étendre la mesure de cet ITA dans chaque région, basé sur la moyenne des ITA des communes de la région, mais également celui de chaque département, afin de livrer une analyse plus fine de la répartition des artisans RGE sur le territoire en fonction des besoins. Sans surprise, l'analyse régionale confirme que la tension est fortement liée à la topographie de chaque territoire, entre les zones montagneuses et littorales, ainsi qu'au nombre de logements et à la densité de population. C'est d'ailleurs la Corse, suivie par la région PACA et la Bretagne, qui occupe la première place du podium des régions les plus tendues. « On note que la tension artisanale est plus forte dans les régions touristiques, ce qui s’explique par une faible présence de sociétés RGE et une concentration de la population sur une portion du littoral ainsi qu’un parc de résidence secondaire important et souvent vieillissant. Et lorsque la région est également montagneuse comme la Corse ou une partie de la région PACA s’ajoute également les problématiques d’accessibilité aux chantiers » détaille Romain Villain.

À l’inverse, les régions dans lesquelles la tension artisanale est la moins forte sont l’Ile-de-France (48/100), Grand Est (50/100) et les Hauts-de-France (50/100), avec toutefois de fortes disparités départementales. « La région Ile-de-France présente l’ITA moyen le plus favorable grâce à son important bassin d’emploi, mais également à la densité du réseau routier. Pour autant, c’est la région qui présente le plus de disparités au sein de son territoire puisque Paris est l’un des départements le plus en tension. C’est donc une région pleine de paradoxes » observe Romain Villain.

Les RGE n'aiment pas Paris

En effet, l’Ile-de-France fait partie des régions dans lesquelles la part de professionnels RGE est la plus faible : seulement 1,8 % des 255 500 sociétés du bâtiment sont RGE soit un peu plus de 4 550 entreprises. Pourtant, seul 1 % du territoire est situé en zone de très forte tension artisanale (23 communes seulement). Ce bon score, tout comme celui des régions Hauts-de-France et Grand Est s’explique par une implantation équilibrée des artisans qui, contrairement aux autres régions, ne se concentrent pas dans les zones urbaines directes mais se répartissent sur l’ensemble du territoire.

Paris se caractérise par une tension artisanale parmi les plus fortes de France (77/100, 2e du classement départemental). Plusieurs raisons à cela : seules 361 entreprises certifiées RGE sont présentes, ce qui représente moins de 1 % des sociétés du bâtiment domiciliées dans la capitale. Par ailleurs, ces entreprises sont principalement situées dans les arrondissements de la couronne extérieure de la ville. « Paris est l’un des départements à la tension artisanale la plus forte car le nombre d’artisans intra-muros y est faible alors que le besoin de rénovation y est très fort : 20 % des bâtiments parisiens sont des passoires thermiques. Compte tenu des niveaux de loyers mais aussi des difficultés à se déplacer dans Paris Intra-muros, les artisans préfèrent s’établir dans le reste de l’Ile-de-France, comme dans le Val-d’Oise ou les Yvelines, deux départements où la tension artisanale est faible » conclut Romain Villain.

 

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