
Vous êtes un leader sur le marché de la chaudière fioul, comment avez-vous vécu la dernière annonce du gouvernement visant à interdire le remplacement d’une chaudière fioul par une autre à partir de 2022 ?
Le déclin du marché du fioul entamé en 2019 se poursuit en France mais aussi dans tous les pays d’Europe, notamment sur les marchés allemands et anglais qui sont très importants pour nous. Mais en France, le gouvernement précipite grandement les choses. En tant qu’industriel, nous jugeons cette décision d’interdire toute installation de chaudière fioul en 2022 comme un coup majeur.
Le gouvernement laisse tout de même la porte ouverte aux équipements alimentés par du biofioul. Vous voyez-là une suite plausible ?
En effet, cela va encore réduire fortement ce marché. Un mélange à 10% d’ester de colza (EMAG) ne pose pas de souci mais au-delà de ce taux, des problèmes de mise en œuvre peuvent se poser. Le passage à un combustible composé de 30% d’ester de colza nécessite donc bien autre chose que de changer le brûleur. Au-delà de toutes les adaptations inhérentes à l’équipement, c’est une adaptation plus large qu’il faut opérer. C’est pourquoi nous avons enclenché une séquence de tests intensifs en ce sens et nous aurons les résultats en début d’année prochaine. Au passage nous cherchons également à voir si le retour sur investissement est intéressant.
Avez-vous été informé de la part des pouvoirs publics du seuil d’émission maximale de CO2 qui sera retenu pour ces chaudières biofioul ?
Nous n’avons pas pour l’heure l’information d’un seuil précis, mais Uniclima se bat pour obtenir une exigence détaillée.
Si vous subissez de plein fouet la chute brutale du marché du fioul, vous profitez d’un marché de la PAC air/air en plein effervescence en France et sur lequel vous êtes rentré il y a un an.
Effectivement sur le fioul nous perdons beaucoup et notre positionnement sur le marché de la climatisation réversible compense en partie ce recul. Notre arrivée sur le marché de la climatisation s’est beaucoup mieux passée que nos prévisions les plus optimistes. Nous tablions sur une part de marché à 1% et nous atteignons actuellement 1,5%.
Nous constatons que la climatisation est associée à l’univers grand public comme le réfrigérateur ou le lave-vaisselle par exemple. Nous profitons donc de la notoriété de Bosch Siemens électroménager pour développer notre activité climatisation.
Les difficultés d’approvisionnement qu’ont probablement rencontrés nos concurrents cette année ont favorisé notre développement en 2020. L’acceptation de la marque par notre réseau d’installateurs professionnels a été excellente et nous avons eu de nombreuses commandes de réassort.
Côté installateur justement, il n’est pas difficile pour vous de vous faire une place parmi les grands noms de la clim ?
Nous avons déjà constitué un réseau de 80 stations partenaires agrées spécialisées et nous serons à 200 avant l’été prochain. Nous avons mobilisé notre force de vente pour visiter et convaincre le plus grand nombre d’installateurs. Ils sont d’ailleurs contents de voir arriver une marque européenne sur ce marché historiquement dominé par des asiatiques.
Quels sont vos objectifs sur le marché de la climatisation dans les années à venir ?
Nous avons un plan de croissance jusque 2027 extrêmement ambitieux. Le groupe a décidé de se donner les moyens de ses ambitions et d’investir énormément en prescription, vente, après-vente et supply chain. Nous embauchons en ce moment beaucoup de monde et nous allons très prochainement implanter un entrepôt européen dédié au stockage de nos gammes de climatisations résidentielles et tertiaires.
Le nerf de la guerre en clim, c’est la supply chain. Il faut être capable de livrer rapidement les produits finis et les pièces détachées. Avec cette nouvelle plateforme européenne nous serons capables, dès l’été 2021, de livrer en moins de 48h nos hubs dans les différents pays.
Avec tous ses investissements vous comptez chambouler le classement général sur le marché de la climatisation ?
Restons humbles, les numéros 1, 2 et 3 dominent très fortement le marché. Mais nous serions ravis de monter sur le podium.
Et du côté de la PAC air/air, vous nourrissez également de grandes ambitions ?
Fort du rachat du spécialiste suédois IVT de la PAC air/eau monobloc, nous réalisons de gros investissements sur cet équipement. Car si le segment monobloc représente moins de 10% aujourd’hui du marché, nous constatons sur les derniers mois une progression très forte de cette technologie et nous estimons qu’elle dépassera la PAC air/eau split d’ici 5 à 10 ans.
D’autres raisons expliquent que nous investissions fortement sur la PAC monobloc. La PAC monobloc permet de s’affranchir d’une dépendance à un groupe extérieur produit pas d’autres industriels et est, par sa technologie hydraulique, nettement plus simple à prendre en main par notre vaste réseau de fioulistes qui vit aujourd’hui une mue thermodynamique à marche forcée.
Si vous partez en conquête sur les marchés de la thermodynamique, vous êtes numéro 1 sur le marché de la chaudière gaz. Comment ce marché se porte-t-il ?
Il y a depuis mai un « effet rattrapage » de ce qui ne s’est pas fait durant le confinement. Le marché se porte donc très bien. A tel point que nos installateurs partenaires nous disent qu’il est difficile de trouver de la main d’œuvre pour répondre à la demande. Pour notre part nous n’avons cessé dans les derniers mois de prendre des parts de marché.
Redoutez –vous l’arrivée de la RE2020 qui semble laisser peu de place au gaz ?
De notre point de vue, l’enjeu principal de la transition énergétique dans le bâtiment, se trouve sur la rénovation des bâtiments existants. La RE2020 va vraisemblablement bouleverser les équilibres dans le neuf, mais le cœur de notre action pour le développement du gaz se trouve dans la généralisation des chaudières THPE sur le parc français existant.
Pensez-vous que le développement de la PAC hybride est également une voie d’avenir pour le gaz ?
Autant nous ne croyons pas au développement de la PAC hybride fioul, autant nous croyons à celui de la PAC hybride gaz. Cela fait maintenant 15 ans que nous voyons cette combinaison comme une solution d’avenir et que le marché plafonne à moins de 3000 pièces. Désormais tout nous laisse penser que le marché va enfin décoller. Pas de manière exponentielle car le prix reste encore élevé, mais lentement et surement. Nous investissons donc massivement sur l’hybride et allons étoffer notre offre.
Et allez-vous équiper tous vos nouveaux équipements de votre système de maintenance préventive Optibox ?
La V2 d’Optibox est très appréciée des bailleurs sociaux et nous prévoyons une progression de nos objectifs sur les 5 prochaines années car il en reste énormément à convaincre. Mais pour l’instant nous restons exclusivement dans le domaine de l’habitat social. Le déploiement chez les ménages sera fait dans un deuxième temps chez les particuliers en lien avec nos SAV partenaires.
Et plutôt que de vendre des équipements, songez-vous parfois à devenir loueur de confort thermique ?
Nous regardons de très près les services qui entourent l’achat et l’utilisation de nos produits, nous cherchons en particulier à améliorer l’expérience client. Pour nous, la société la plus avancée dans ce domaine est la société Boxt en Angleterre dans laquelle nous avons pris une participation minoritaire. Durant la période de confinement, elle a été leader sur le marché du gaz. Cette expertise acquise outre-manche peut se révéler être fort utile dans un monde volatile où les choses peuvent bouger rapidement.
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