Ce jeudi 16 janvier, après une journée consacrée à la PAC, l'Association des Ingénieurs en Climatique, Ventilation et Froid (AICVF) présente ses vœux. Successeur d’Yves Nioche à sa présidence, Michel Duclos nous dit tout….

L’AICVF a mis en place un groupe de travail sur la qualité de l’air intérieur. Avez-vous bon espoir que la ventilation prenne du galon dans le monde du bâtiment ?

Nous nous sommes arrêtés en 1982. A cette époque, il était remarquable de mettre en place un cadre réglementaire qui permette de ventiler les pièces humides. Mais aujourd’hui, il est largement désuet.

Sans vouloir entrer dans une bataille de chiffres, avec près de 50 000 morts chaque année liées à la qualité de l’air intérieur, nous ne pouvons pas continuer à ventiler avec une prise d’air sur les menuiseries. Insufflation, entrée d’air filtrante, double flux… les solutions existent mais le cadre français ne permet pas de les déployer.  Il est d’ailleurs même impossible en France de respecter les normes européennes sur la qualité de l’air intérieur car le cadre réglementaire hexagonal ne permet pas de disposer de débits suffisants.

Nous avons créé un groupe de travail sur le sujet, et avec Franck Hovorka, président de Rehva – Fédération européenne regroupant 27 associations nationales d'ingénieurs en chauffage, ventilation et conditionnement d'air  – nous allons aller vers les ministères pour faire bouger les choses. Car, pour l’heure, dans la prochaine RE, la qualité de l’air intérieur passe à la trappe…

Vous consacrez une journée à la PAC. Les éco-délinquants font-ils du mal à l’image à cette technologie ?

Malheureusement je crois que le problème commence bien avant l’éco-délinquant. Nous n’avons pas en France une culture de la maintenance. Résultat : les écarts entre les performances théoriques et réelles sont énormes. Il n’est pas rare de voir des ménages équipés de PAC avoir froid, tout en payant une grosse facture de chauffage. Avec la RT2012, nous avons vu une vague de CET s’abattre sur le logement neuf. Ce sont des équipements qui ont un filtre, mais combien ont vu un technicien venir le changer sur les 10 dernières années ?

Et le plus inquiétant c’est que ce problème concerne également les installations de grande puissance. Julien Caizergues, responsable Marché industrie chez ETT livre aujourd’hui un retour terrain édifiant à notre journée PAC : sur 150 rooftop suivis, 80% ne marchent pas comme ils devraient...

C’est bien beau de gagner 1% de rendement sur un compresseur, mais sans entretien de l’équipement, cela ne sert à rien.

Faut-il une obligation de maintenance ?

La mise en place d’une obligation de maintenance contraint à sortir au grand jour des sommes qui, jusqu’à présent, étaient cachées. Cela revient à dire au ménage : ne regardez plus uniquement le prix d’acquisition. Je ne suis pas certain que l’idée tente les pouvoirs publics. Néanmoins, dans une société où la location l’emporte sur l’achat, des offres d’abonnement mensuel incluant la pose et l’entretien pourraient faire évoluer les choses.

35 élèves venus des quatre coins de la France se sont retrouvés cette semaine au lycée La Martinière de Lyon pour plancher sur l’épreuve du concours AICVF BAC+2+3. Comment donner envie aux jeunes de s’impliquer dans l’univers du génie climatique ?

Avant, de père en fils, on se transmettait un métier. Le père savait et le fils apprenait. Avec l’arrivée du numérique, les jeunes disent aux anciens : « vous n’y connaissez rien » et ils n’ont pas toujours tort. L’AICVF compte parmi ses membres personnes morales plus de 50 établissements d’enseignement supérieur et dispose donc d’une force inouïe pour parler à la nouvelle génération. Nous allons donc créer un groupe de travail qui regroupera les professeurs de ces écoles car ce sont eux qui connaissent le mieux leurs jeunes. Nous allons ainsi pouvoir faire des choses magnifiques.

">