L'attention se concentre à juste titre sur les générateurs de chaleur. Leurs performances sont scrutées, les SCOP, les SEER, les fluides, tout y passe. Mais qu'en est-il des émetteurs de chaleur ? Radiateurs, planches échauffantes, ventilo-convecteurs jouent un rôle central dans la performance du système, avec une dimension carbone non négligeable. Pour en discuter, Génie Climatique Magazine rassemble Olivier Schmitz, vice-président vente de Purmo pour la France et le Benelux, et Frédéric Lagouge, manager achat de Bouygues Immobilier.

 
 

Frédéric Lagouge, tout le monde connaît Bouygues Immobilier, mais pouvez-vous préciser rapidement le portefeuille d'activité entre le collectif etl'individuel, le particulier et l'institutionnel…

Frédéric Lagouge : Le cœur de métier de l'entreprise, c’est le logement, collectif essentiellement, mais également de la maison individuelle en bande. Nous gérons aussi des activités diverses comme des ventes en bloc pour les bailleurs sociaux, des résidences étudiantes, de la résidence hôtelière et même de l'immobilier d'entreprise. Aujourd'hui, le portefeuille de Bouygues Immobilier, c'est autour de 90 % de résidentiel et un peu d'activités tertiaires.

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Avant qu'on rentre dans le sujet émetteur, un petit panorama peut-être de vos choix en termes de chauffage. Chaudière collective, chaudière individuelle, pompe à chaleur… Sur quoi se portent les choix de Bouygues Immobilier ?

Frédéric Lagouge : En 2020, Bouygues Immobilier a décidé de se pencher très sérieusement sur la réduction de l'empreinte carbone de ses activités. Nous avons choisi en 2022 de nous orienter essentiellement sur de la pompe à chaleur. Cela s’est inscrit dans une démarche plus large intitulée Cœur de vie, qui nous a amenés à repenser l'ensemble de notre production, à savoir le logement, mais également les modes d'énergie. L'objectif de Bouygues Immobilier, c'est de décarboner nos opérations d’au moins 28% à l'horizon 2030. La pompe à chaleur est aujourd'hui une solution pour atteindre très rapidement ce seuil, voire ceux d'après.

Olivier Schmitz, même question. Qu'est-ce que le groupe Purmo et quelle est votre présence en France ?

Olivier Schmitz : Le groupe Purmo est un fabricant mondial de radiateurs à panneaux, d'émetteurs de chaleur : radiateurs électriques, radiateurs à ventilation... Ceci dans le monde entier, mais essentiellement en Europe, avec une partie significative du chiffre d’affaires en France, autour de 75 millions d'euros en France pour 80 personnes, avec un site de production dans le nord de la France. Donc, nous couvrons tous les besoins de chaleur, avec des émetteurs de plus en plus performants. La marque la plus connue, c'est bien évidemment Finimetal. Mais nous sommes aussi présents via la marque Emetti.

Qu'est-ce qui fait aujourd'hui qu'un radiateur, c'est un outil de performance ?

Olivier Schmitz : La chaleur est désormais perçue d'une manière différente. Le radiateur n'est pas seulement placé sous une fenêtre, sans notion de dimension et de performances. Les calculs sont désormais beaucoup plus précis, nos radiateurs sont vraiment placés avec la bonne dimension, au bon endroit. Et que même avec des pompes à chaleur, on peut employer des radiateurs en les dimensionnant de manière correcte.

Une seconde chose, c'est qu'on a aussi développé des ventiloradiateurs. Ce sont des radiateurs pourvus de ventilateurs qui augmentent la performance du radiateur. Il permet justement de très bien insérer ça avec une basse température.

Frédéric Lagouge, radiateur, plancher chauffant, comment vous mixez ?

Frédéric Lagouge : Il y a plusieurs réponses possibles aujourd'hui chez Bouygues Immobilier. La démarche Cœur de vie nous a poussé aujourd'hui à répondre aux attentes de nos clients. La pompe à chaleur avec des notions de triple service, chauffage, ECS et rafraîchissement. Sur la démarche Cœur de vie, les clients nous ont demandé de supprimer les espaces gérés sur les murs pour libérer de la surface au sol.

On a choisi le vecteur air par un dispositif de de soufflage en plafond. Mais on a aujourd'hui d'autres solutions que l'on développe pour d'autres démarches que Cœur de vie, à savoir le radiateur et le plancher chauffant. La répartition est assez égale entre les différentes solutions.

Les clients, il y a quelques années, nous ont demandé beaucoup de soigner l'esthétique des radiateurs. Il y avait beaucoup de produits qu'on a installés dans le passé qui avaient une esthétique très sobre. On a voulu soigner le design.

La démarche qu'on a lancée il y a quelques années, c'est de passer avec les produits du groupe Purmo pour soigner l'esthétique des radiateurs. C'est un point important pour nos clients.

Dans cette démarche dont vous nous avez parlé, on a senti que le carbone occupait aussi une place importante.

Frédéric Lagouge :  Oui, ça a été un point très important lorsqu'on a lancé notre démarche globale. C'était le poids carbone, comme je le disais tout à l'heure. L'objectif de  Bouygues Immobilier, c'est de réduire d’au moins 28 % les émissions de carbone à l'horizon 2030.

Le sujet des fiches FDES et des fiches PEP était le point d'entrée pour sélectionner des produits et des partenaires. Une des raisons du vecteur air, c'était de supprimer les poids carbone par la chape qui pèse un petit peu sur l'opération. C'est 5 cm d'épaisseur de chape, c'est un peu de maçonnerie verticale, etc.

Dans le passé, on n'avait pas de fiches PEP sur les radiateurs, ce qui pénalisait aussi fortement nos opérations. Aujourd'hui, nos partenaires ont compris ces enjeux et ont développé ces fiches PEP. Notre partenaire, le groupe Purmo, a mis en place des fiches PEP qui valorisent très fortement la mise en place de radiateurs.

Aujourd'hui, c'est quelque chose qu'on peut mettre en avant, qui est très valorisant et qui permet de réduire l'empreinte carbone dans les opérations.

Peut-être qu'il faut expliquer ce qu'est une fiche PEP dans les grandes lignes…

Olivier Schmitz : Premièrement, on voit que la France est assez en avance sur toute l'Europe. Notre groupe a été sollicité par Bouygues Immobilier. L'année passée, nous avons fourni de grands efforts pour avoir ces fiches PEP et pour donner toutes les informations nécessaires. On va vraiment très loin pour mesurer toute l'énergie nécessaire pour fabriquer un radiateur. Il y a la matière, il y a la production de l'usine, il y a le transport, il y a l'emballage. Il

C'est important pour Bouygues Immobilier d'avoir ces éléments-là, pour indiquer l'empreinte carbone des logements. Nos valeurs PEP ont été publiées il y a quelques semaines.

Frédéric Lagouge, cela veut dire qu'aujourd'hui, dans les familles de produits où il y a des fiches PEP pour les équipements techniques, FDES pour les matériaux, vous n'allez pas aller chercher de fournisseurs qui n'aient pas ce genre de déclaration ? Cela devient un prérequis pour accéder au marché de Bouygues Immobilier ?

Frédéric Lagouge : Absolument. C'est effectivement un prérequis chez  Bouygues Immobilier. La fiche PEP, la fiche FDES devient le point de discussion central pour référencer aujourd'hui un partenaire.

Aujourd'hui, on est très fiers de pouvoir travailler avec le groupe Pumro qui a ces fiches PEP publiées depuis quelques semaines, qui sont les plus performantes du marché. On est très heureux de pouvoir les valoriser, les mettre en avant sur nos opérations. Mais je dirais qu'au-delà de la fiche PEP, on demande à ce que l'entreprise, le partenaire, soit aussi évalué sur sa démarche RSE, par Ecovadis, qui regarde le scope complet de l'activité de l'entreprise. La fabrication du produit et la fiche PEP, c’est très important, mais on ne s'arrête pas que à ça. C'est toute la démarche de l'entreprise qui est importante et les actions menées pour la responsabilité sociétale et environnementale.

On parle émetteur de chaleur, mais en fait, un émetteur de chaleur, selon sa nature, il peut aussi émettre du froid ou du rafraîchissement. Comment vous prenez ce sujet chez Bouygues Immobilier ?

Frédéric Lagouge : Oui, ça nous intéresse beaucoup. La démarche Cœur de vie embarque un système de rafraîchissement, pas de climatisation, mais de rafraîchissement, ce qui a été assez facile à déployer via le vecteur air. Le planche échauffant permet également de faire du rafraîchissement, mais avec une différence de réactivité.

Il y a un peu plus d'inertie sur le plancher, mais on sait que c'est possible. D'ailleurs, on le fait sur certaines opérations. C'est un point important. Nous avions aussi étudié par le passé les ventilo-convecteurs, mais c'est un peu plus complexe techniquement. On n'a pas testé aujourd'hui sur des opérations les niveaux de bruit ou de ventilation. Il y a quelques contraintes pour évacuer des condensats. Ce n'est pas aujourd'hui la solution que nous mettons en avant sur nos opérations, mais c'est un produit que nous continuons à observer.

Olivier Schmitz, même question. Vous avez une vision européenne du sujet. En France ou ailleurs, est-ce que dans le logement collectif, cette question du froid ou du frais commence à intéresser ?

Olivier Schmitz : Absolument. On voit vraiment que le froid ou bien plutôt, comme Frédéric l'a dit, le rafraîchissement, devient de plus en plus important. Nos radiateurs ventilateurs rafraîchissent d'une manière assez simple de rafraîchir. Ce n'est pas un rafraîchissement actif, mais c'est ce qu'on appelle un rafraîchissement passif qui peut être employé avec une pompe à chaleur. Et qui surtout permet de rentabiliser l'investissement dans la PAC en l’utilisant toute l’année.  Mais on n'en vend pas encore beaucoup.

Il y a depuis plusieurs années tout un discours sur remplacer sa chaudière par une pompe à chaleur, isoler sa maison. En France, c'est assez bien passé. Mais on ne dit jamais que la nature du radiateur peut changer quelque chose à l'opération, notamment la température de sortie d'eau. Est-ce qu'il y a quelque chose à faire à vos yeux là-dessus pour que le particulier et l'installateur en aient davantage conscience ?

Olivier Schmitz : C'est vraiment un problème. On voit que les fabricants de pompes à chaleur font un réel effort pour sensibiliser l'installateur et  les clients. Si on ne change pas le corps de chauffe, on va travailler avec des températures beaucoup trop hautes et le COP ne sera pas bon ou bien vous allez travailler avec des températures basses et l’inconfort sera assez important. Donc, le geste le plus simple, c'est vraiment de changer les corps de chauffe ou bien de les dimensionner, de mettre des corps de chauffe qui sont plus grands et donc qui permettront de travailler à des basses températures. Une deuxième méthode, c'est de travailler avec des ventilateurs radiateurs.

Ce sont toutes là des actions pour sensibiliser les clients que nous conduisons au sein d’Uniclima. On est en train d'établir une documentation et une publication sur notre site Web pour justement expliquer cela.

 

Un podcast réalisé avec le soutien de Finimétal :

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