« Il était évidemment nécessaire de trouver un nouvel indicateur en remplacement de la Tic. La Dies (durée inconfort d'été statistique), un temps envisagée, était certainement trop complexe. Le degré heure d’inconfort, qui correspond au nombre d’heures où la température intérieure se situe au-dessus d’une température seuil est l’indicateur retenu actuellement et il s’apparente aux simulations thermiques dynamiques que nous réalisons d’ores et déjà dans le tertiaire, donc c’est une bonne chose », souligne Vincent Braire, président du BE Pouget Consultants. Même son de cloche chez Enertech. « Le TiC était un très mauvais indicateur et nombre de ménages allaient, après la livraison du bâtiment, dans une surface de bricolage pour mettre une clim euxmêmes. Le passage à un indicateur degré heure d’inconfort avec la RE2020, va concrètement nous obliger à regarder, en se basant sur un fichier climat caniculaire, si le bâtiment est confortable et tout va bien, ou s’il est confortable jusqu’à un certain seuil et alors introduire une consommation de clim fictive dans le Cep. Cela va inciter les maîtres d’oeuvre à concevoir le confort d'été par une approche passive (inertie, occultation et aération nocturne), faire du rafraîchissement passif (géocooling, adiabatique...) ou prévoir des systèmes performants pour ne pas être pénalisés sur le calcul », souligne Thierry Rieser, gérant du BE Enertech « Néanmoins, l’idée qui sous-tend le remplacement des bâtiments CE1 et CE2 par un calcul de besoin de rafraîchissement fictif n’est pas suffisamment claire pour nous rassurer », ajoute Vincent Braire. « Livrer un bâtiment sans clim qui anticipe les besoins d’un système actif de rafraîchissement qui pourrait venir dans un second temps ne fonctionnera que s’il n’est pas nécessaire de tout casser pour aller l’installer. Il faut donc obliger à prévoir dès le départ des colonnes verticales capables de laisser passer des gaines et une surface de local technique potentiel quelque part en toiture ou en sous-sol ». Chez les fabricants d’équipements, on est également encore dans l’expectative. « Il me semble que tout le monde serait surpris qu’on accepte de livrer un bâtiment où il peut faire froid en hiver.Là, on accepte de proposer un bâtiment sans confort d’été. Cela risque fort d’encourager une vague de clim mobiles nettement moins performantes », redoute Emmanuelle Brière, responsable technique chez Uniclima. « S’il est possible demain de livrer un bâtiment inconfortable en été sous prétexte qu’on a pris en compte une consommation fictive de rafraîchissement, cela risque fort de s’apparenter plus à un retour en arrière qu’à un bond en avant ». Pour les industriels du génie climatique, qui ont alerté la DHUP sur le sujet, l’enjeu se situe également au niveau du message envoyé. « De plus, on passe d’un système où on offrait à certains bâtiments un droit à climatiser à un dispositif qui systématise une grosse consommation fictive de clim. Cela risque de dégrader l’image de la climatisation qui n’est déjà pas très bonne en France ».

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