Selon Pascal Housset, vice-président de l'UMGCCP-FFB, l'administration doit revoir les seuils énergie et carbone pour faire plus la part belle aux solutions hybrides et au biogaz, mais aussi prendre en compte les zones climatiques.

Comment avez-vous réagi à l'annonce du gouvernement sur la sortie du chauffage exclusif au gaz des constructions neuves ?

Une fois de plus, on peut regretter l’aspect brutal des annonces, sans concertation préalable ni avec la filière ni avec les parlementaires. Nous ne sommes pas contre l’évolution, au contraire, nous sommes conscients que les besoins en énergie se réduisent au fur et à mesure des réglementations thermiques, maintenant il ne faut pas se tromper dans les solutions choisies. On nous met au pied du mur avec des dates qui sont très courtes !

Que demandez-vous aux pouvoirs publics concernant les seuils énergie et carbone ?

Nous souhaitons avoir le temps de permuter, que des paliers existent dans la maison individuelle comme il est prévu pour le logement collectif. Nous demandons d'aligner la progressivité. En aucun cas nous ne mettons en opposition électricité et gaz, et notamment le biogaz qui ne figure nulle part dans le projet de texte du gouvernement. Le biogaz doit avoir toute sa place dans le calcul de ces seuils.

Depuis plus d’un an, nous avons également mis en avant les solutions hybrides. Nous souhaitons que cette RE2020 permette aux PAC hybrides gaz de mieux exister. Ces solutions peuvent avoir du sens dans certaines régions de la France. Il manque d'ailleurs cruellement une distinction entre les zones climatiques. On a tendance à prendre des solutions techniques quelque soit la région, avec les mêmes seuils. Sauf que les besoins ne sont pas les mêmes en PACA et en Alsace ! Il faut tenir compte des spécificités climatiques régionales.

Il faut raisonnablement arriver à un vrai mix énergétique. Décarboner, oui, mais est-ce que sincèrement on décarbone en produisant de l'électricité avec des centrales à charbon comme c’est le cas depuis septembre pour répondre à la demande ? Il faut apporter des solutions viables dans la durée.

Avec les seuils actuels, quelles conséquences sont à craindre dans le neuf ?

Nous allons nous retrouver avec des solutions low-cost avec l'effet joule, ce sera incontournable. Certes, aujourd'hui, ce n’est pas la volonté du gouvernement, mais dans la réalité économique, c’est ce qui va se passer.

Comment ont réagi les adhérents à l'UMGCCP suite aux annonces du gouvernement ?

Il y a eu beaucoup de colère, tant les annonces ont été tranchantes et brutales, et beaucoup d’inquiétude et de questions de la part des chauffagistes, professionnels du gaz. Il faut aussi rassurer les particuliers ! Ils ne font pas la différence entre neuf et rénovation, et sont perdus. J'ai eu un appel d'un client sur Paris me demandant s'il devait retirer sa chaudière gaz, parce qu'il pensait qu'il n'aurait plus de gaz ! Ces annonces ont déclenché un vent de panique. Tout ce que nous espérons maintenant, c'est de pouvoir négocier ces seuils, que le gouvernement entende notre point de vue, et qu'il ne prenne pas encore une décision unilatérale. Tout se joue dans les jours à venir.

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