Selon Thomas Perrissin, vice-président du SFCB, la filière attend encore une forte croissance en 2022 pour atteindre 35 000 chaudières biomasse vendues.

" Le marché de la chaudière biomasse a doublé en 2021 "

Comment la filière bois-énergie vit-elle cette période de pénurie de matériaux ?

Le marché est très dynamique. Nous pensions avoir anticipé la hausse des ventes prévue en 2021, mais ce rebond était inimaginable. Nous avons été surpris de l'engouement des Français pour la biomasse. Nous rencontrons forcément des défauts d'approvisionnement, comme les autres filières, mais je ne sais pas s'ils sont la conséquence de la crise sanitaire ou plutôt d'une crise de croissance du marché. Les délais se sont évidemment rallongés. Nous n'avions pas commandé suffisamment de produits à nos usines, donc cela met plus de temps que prévu. Certains fabricants peuvent cependant encore promettre une livraison avant la fin de l'année si la commande est passée maintenant ! Nous nous structurons pour répondre à la forte demande en hausse, en construisant des usines supplémentaires.

Quelles sont vos prévisions du marché en 2022 ?

Nous espérons vendre 35 000 chaudières biomasse l'an prochain. Cette année, nous allons déjà atteindre les 25 000 unités vendues, soit près du double par rapport à 2020 et 2019. Le granulé reste la vedette par rapport à la bûche, grâce aux aides dont la technologie peut bénéficier. On estime entre 200 à 300 000 tonnes de granulés supplémentaires vendus cette année. On entend d'ailleurs parler que le marché du granulé est en tension. Aujourd'hui, les clients sont pourtant livrés. On peut même trouver des quantités folles de combustible dans les grandes surfaces de bricolage, et à des prix qui évoluent peu.

Que répondez-vous à ceux qui critiquent le bois-énergie comme étant non respectueux de l'environnement ?

Globalement, les émissions issues des chauffages biomasse ont été réduites. Ce que je ne comprends pas, c'est cet engouement grandissant pour la préservation de la forêt. Cela fait 1 000 ans qu'on plante des arbres pour les couper ! On entend aussi dire que le granulé est moins écolo qu'une bûche, parce qu'il est fabriqué en usine. Sauf qu'une bûche mal séchée va beaucoup plus polluer une fois brûlée et aura de moins bons rendements ! Et il faut rappeler que le granulé n'est que le sous-produit d'une industrie forte autour de la construction bois. Nous devons renforcer le discours avec la filière.

Qu'en est-il des forces vives sur le terrain ?

Les installateurs ont saisi l'opportunité de se positionner sur l'installation de chaudières biomasse. Le marché en rénovation est florissant. Il manque encore de bras par rapport aux volumes qui pourraient être installés, mais nous assistons à une reconversion chez les chauffagistes, surtout ceux en zone rurale et périurbaine. Ils étaient spécialisés dans le fioul et le propane, désormais ils le sont aussi dans la biomasse. Les fabricants ont également conçu des produits plus faciles à installer. Aujourd'hui, il suffit de deux à trois jours pour une chaufferie biomasse quand il y a quelques années vous deviez compter une semaine. La majorité des chauffagistes ont de toute façon largement de quoi s’occuper jusqu’à la fin de l’année.

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