Un an après son arrivée au Synasav en tant que secrétaire général, Cyril Radici veut bousculer les codes pour recruter celles et ceux qui aideront les entreprises à répondre à la forte demande dans le secteur de la maintenance et de l'entretien des systèmes de chauffage et ventilation.

" Le secteur de la maintenance est invisible chez les jeunes "

Comment entamez-vous 2022 ?

Avec de beaux chantiers sur le point de se concrétiser ! Il y a d'abord le CEE désembouage que nous portons depuis plus d'un an et demi maintenant auprès des pouvoirs publics. Une commission avec l'Ademe est prévue le 16 mars prochain, date à laquelle nous serons mieux fixés quant à la mise en place ou non de cette aide.

Aujourd'hui, une panne sur trois est liée à la mauvaise qualité de l'eau. Alors que le gouvernement prône la décarbonation du Bâtiment, on ne peut pas laisser les installations de chauffage se dégrader, voire même tomber totalement en panne juste pour un problème d'embouage. Nos entreprises de maintenance ne sont pas seulement responsables du bon fonctionnement des systèmes de nos clients, elles se doivent de maintenir des conditions de logement qui soient dignes. La précarité énergétique est un vrai sujet, et en travaillant à un CEE désembouage c’est également permettre à des utilisateurs aux revenus limités de pouvoir les prémunir de situations insupportables.

Quand nous avons travaillé en 2021 sur la nouvelle version de l’arrêté de 2009 (modifié par l’arrêté de 2020), la problématique de l’embouement des installations a été pris en compte. On retrouve aujourd’hui dans le descriptif de l’entretien de chaudière un contrôle visuel de l’embouement. Lors de chaque entretien de chaudière, le technicien de maintenance doit vérifier la turbidité de l'eau du circuit à l'aide d'une éprouvette spécifique. Si l'eau prélevée est chargée, le professionnel informera l’utilisateur de la nécessité de procéder à un traitement curatif puis préventif de son installation pour anticiper tout risque de dégradation future sur son installation de chauffage.

Actuellement, pour un désembouage il faut compter entre 500 à 700 €, le tarif variant sensiblement en fonction de la configuration du ou des réseaux et du nombre d’émetteurs. Si demain, nos clients peuvent disposer d'une incitation comme le CEE désembouage, nous aurons des installations aux performances maintenues et avec une plus grande longévité. Et si en plus et comme nous l’espérons, le CEE peut intégrer la pose d’un filtre à boue, les installations seront encore mieux protégées notamment dans le cas des réseaux en PER qui sont réputés pour favoriser le développement de bactéries en masse qui peuvent finir par boucher complètement l’installation. On rencontre régulièrement ce type de situation dans les planchers chauffants.

Au Synasav, nous sommes fidèles à un principe de base quand il s’agit de décarbonation :  c’est que le coût énergétique et l’empreinte carbone d’une installation bien maintenue, avec des systèmes performants et correctement réglées seront toujours plus vertueux que n’importe quelle autre solution. C’est en cela que notre baseline « Les experts de la maintenance, acteurs de la décarbonation » prend tout son sens.

Mais avec ce CEE désembouage et en plus de la hausse des clients à dépanner, comment vos entreprises arriveront-elles à répondre à tout le monde ?

C'est tout l'enjeu de notre deuxième objectif en 2022 : Nous estimons les besoins en 2022 à 2 500 techniciens de maintenance supplémentaires. Avec l'obligation d'entretenir tous les deux ans les pompes à chaleur, ce nombre va augmenter de 500 chaque année. C'est donc une urgence de pouvoir renforcer rapidement nos équipes techniques qui sont sous très forte tension.

Le sujet de l’attractivité métier est stratégique pour une profession comme la nôtre, pour la simple et bonne raison que la valeur ajoutée d’une entreprise est totalement dépendante de ses ressources humaines. Nous savons que l’équation gagnante pour nos entreprises c’est de recruter les bonnes compétences au bon moment et au bon endroit. J’insiste sur ce dernier point. Former des techniciens en maintenance de chaudière ou de PAC qui habitent dans le sud, alors que vos besoins sont sur les Hauts-de-France, n’imaginez pas qu’ils vont quitter parents et amis pour venir créer de la valeur ajoutée dans votre entreprise. Il faut créer les vocations là où se situent les besoins. Tous nos présidents régionaux Synasav vous le diront, pour recruter des techniciens, il ne suffit pas d’avoir des classes, mais encore faut-il qu’elles soient pleines d’élèves et qui plus es motivés !

Nous subissons vraiment une crise des vocations. Il n'y a pas vraiment de désintérêt des jeunes pour nos métiers, nous souffrons en réalité d’une invisibilité abyssale de la filière auprès du jeune public. Nous ne sommes pas face à un problème de déficit d’image du technicien de maintenance, le problème c’est qu’il n’y a pas d’image du tout. C’est tout le sens de la grande campagne à venir et de la marque « Energy Makers » relayée par des actions en région et lors de notre émission TV Les RDV Synasav du 17 mars.

Nous avons créé une interface pour qu'en un clic, le collégien ou la personne en recherche de reconversion entre dans l’univers Energy Makers pour trouver aisément toutes les informations nécessaires géolocalisées sur un seul site, notamment les caractéristiques du métier au travers de témoignages mettant en avant les actions vertueuses du technicien de maintenance, de ses actions concrètes et réelles en faveur de la préservation de l’environnement (choix de l’énergie, économies d’énergie, conseils etc.), son rôle sociétal avec les services rendus aux occupants des logements. Je suis très enthousiaste. Je sais que l'outil aura besoin de temps pour porter ses fruits, mais je sais que nous sommes sur la bonne voie.

Vous avez intégré cet été le Conseil supérieur de la construction et de l'efficacité énergétique (CSCEE) cet été. En quoi siéger dans cette instance peut aider au développement du Synasav ?

Nous avons obtenu une certaine forme de reconnaissance auprès de nos confrères et des autorités. Désormais, on ne pense plus uniquement construction, mais on imagine également l'après, la maintenance des équipements. Nous avons montré notre volonté de co-construire le paysage économique du Bâtiment, et cela plaît. C'est une étape de plus dans la reconnaissance de l'importance de notre métier.

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