John Jamet, alias Monsieur solaire, est depuis 2009 installateur et mainteneur d'équipements de solaire thermique dans le collectif. S'il perçoit une demande grandissante au profit de la technologie, il constate encore beaucoup de mauvaises conceptions.

" La connectivité est la clé pour faire émerger le solaire thermique "

Sentez-vous un intérêt grandissant pour le solaire thermique depuis la hausse des prix de l'énergie et la guerre en Ukraine ?

Le solaire thermique est encore assez méconnu du grand public, même si je dois avouer que le téléphone sonne deux fois plus depuis l'invasion de la Russie en Ukraine. Il n'empêche, quand on parle d'énergie solaire, beaucoup vont penser aux panneaux photovoltaïques. Et malheureusement, l'image du solaire thermique est encore ternie par de mauvaises conceptions réalisées dans les années 2000 et 2010. Les bureaux d'études n'ont pas forcément l'expertise et les installations sont mal réalisées parce que les artisans ne font qu'exécuter ce qu'on leur demande de faire. En réalité, le solaire thermique ne s'agit ni plus ni moins que d'un simple tuyau d'arrosage que vous laisseriez au soleil dans votre jardin et qui produirait de l'eau à 50 °C ! Mais encore aujourd'hui, j'ai à faire avec au moins une installation mal conçue sur cinq lorsque j'interviens pour la maintenance.

Selon vous, que faudrait-il faire pour éviter ces mauvaises conceptions et installations ?

En réalité, il existe déjà des règles professionnelles. L'Ademe et Socol, l'organisation initiée par Enerplan en faveur de la chaleur solaire dans le collectif, ont publié des documents pour accompagner au mieux installateurs et bureaux d'études. Il existe également des qualifications RGE. Je pense d'ailleurs que les installations devraient être réalisées uniquement par des artisans qualifiés dans le domaine, cela empêcherait quelques contre-références. Aujourd'hui, ce n'est pas le cas, et malheureusement, on passe à côté d'une technologie vraiment très intéressante en termes d'efficacité et de rentabilité. Les usagers finaux ne vont pas se rendre compte que leur système ne fonctionne pas et vont continuer à payer des consommations énergétiques élevées à cause d'un appoint gaz ou électrique pour l'eau chaude sanitaire qui devient quasiment systématique.

Le solaire thermique peut-il se suffire à lui-même ?

Pas dans le collectif. Pour des raisons évidentes de confort des occupants du bâtiment, nous devons toujours assurer un appoint. Le solaire thermique est dimensionné pour apporter jusqu’à 50 % d'économie sur l'appoint individuel. S’il ne fait pas beau, on aura toujours l'appoint en secours. En revanche, chez le particulier, un chauffe-eau solaire individuel peut se suffire pour produire l'eau chaude sanitaire. Les besoins ne sont pas les mêmes.

Comment arrivez-vous à convaincre vos clients de cette efficacité et cette rentabilité du solaire thermique ?

Grâce à la connectivité ! Cela permet d'avoir une visibilité en temps réel des installations, de vérifier qu'elles fonctionnent et surtout de montrer qu'on peut produire de la chaleur gratuitement ! Je travaille exclusivement dans le collectif, donc quand mon client qui a un ballon de 3 000 ou 6 000 L à 60 °C met un compteur de calories, il se rend compte du nombre de kW économisés chaque jour sur l’appoint ECS à 60 °C, qu'il s'agisse d'une chaudière ou d'une résistance électrique. Aujourd'hui, notre entreprise de maintenance est la seule en France à proposer ce service d'installation solaire connectée, même si la technologie est déjà développée chez nos voisins européens. Peu de professionnels s'y intéressent alors que je pense que c'est la clé pour rendre ses lettres de noblesse au solaire thermique.

">