Denis Châteaux, gérant de Logotech, commerce de gros pour pour le chauffage et la plomberie à Faulquemont en Lorraine, ne voit pas comment respecter les volontés du gouvernement sur le terrain.

Pourquoi, selon vous, les chauffagistes ne peuvent-ils pas continuer à travailler pendant le confinement ?

Je vois quatre problèmes. Le premier est d'ordre logistique. Les distributeurs ayant, pour la plupart, suspendu leur activité, les installateurs se retrouvent avec des équipements à poser, mais sans tube, sans raccord.
Le deuxième problème est plus humain. Les salariés ont peur, ils ne souhaitent pas travailler dans ces conditions. Certains ont fait valoir leur droit de retrait, d'autres ont posé un arrêt maladie. Queques uns profitent évidemment de la situation, et de la  facilité de déclarer sur Internet son arrêt maladie. Moi, par exemple, j'ai 14 employés qui se sont mis en arrêt de travail, légalement je ne peux rien faire. Le reste de mon équipe est en télétravail, mais clairement, ce n'est pas le télétravail qui fera avancer les chantiers !
Il y a également les clients, chez qui nous sommes censés aller. Désormais, ils sont confinés, ils ne veulent pas que nous venions chez eux, et ça se comprend quand vous appliquez à la lettre ce que nous a demandé le Président de la République !
Enfin, le quatrième problème est d'ordre financier. Ceux qui, malgé tout voudraient travailler, n'arrivent pas à rentrer suffisamment d'argent, ils ne savent pas si leur trésorerie pourra les faire tenir, et comment l'Etat pourra réellement les aider. Ils préfèrent donc se mettre au chômage partiel.
Le gouvernement doit être pragmatique. Quand ce n'est pas possible de travailler, il ne faut pas râler.

Il y a tout de même les installateurs qui travaillent seuls, et qui ont besoin financièrement de travailler. Comment font-ils ?

Je connais plusieurs artisans QualiPAC RGE qui, effectivement, sont seuls. Comme les distributeurs français ne tournent plus, certains font donc appel à des grossistes allemands, pour la livraisons de raccords surtout. Ils favorisent les grossistes qui vendent sur Internet. Le risque est qu'une fois qu’ils auront pris le pli d’aller acheter ailleurs, ils ne feront plus appel aux grossistes français.
Ceci-dit, encore faut-il que les transporteurs veuillent bien livrer. Avec le confinement, ils sont obligés de prévoir jusqu'à une semaine de vivres par trajet ! La semaine dernière, j'ai reçu un chauffeur qui venait de Marseille, il avait traversé toute la France, avec un seul sandwich, il était affamé et n'avait pas pu se laver, les stations-service étant fermées. C'est scandaleux !

Comment imaginez-vous l'après-coronavirus ?

Le nerf de la guerre, c'est l'argent, donc je suis convaincu que l'activité repartira rapidement. Je ne suis pas inquiet pour la reprise, les banques font pression. Dès que le top départ va être donné, ça va repartir. Mais quand ? C’est tout le problème. Et les gens qui ne respectent pas le confinement vont retader la reprise.