Mathieu Gromaire, installateur-mainteneur en Haute-Marne, fait partie du faible pourcentage d'artisans à ne pas avoir suspendu leur activité pendant le confinement.

Pourquoi avez-vous décidé de continuer à travailler ?

J'ai décidé de m'adapter à la situation. Déjà, avant le confinement, nous avions mis à jour toutes les trousses de secours de nos techniciens, avec notamment du gel hydro-alcoolique. Et quand, avec mon frère avec qui je gère l'entreprise, nous avons senti que la situation prenait de l'ampleur, nous avons renforcé notre discours auprès de nos salariés, pour qu'ils se lavent les mains plusieurs fois par jour, qu'ils restent suffisamment loin les uns des autres. Nous avons aussi la chance d'avoir un véhicule par technicien.

Nous avons donc identifié les chantiers sur lesquels ils pouvaient travailler seuls, nous avons demandé le feu vert aux clients, et l'activité a pu continuer. Comme par exemple dans un Ephad de mon village, qui est bien évidemment confiné à 100 %, mais dont une extension est en cours de construction. Actuellement, les entreprises qui effectuaient le gros oeuvre ont suspendu leur activité, mon technicien est donc seul sur place. La directrice de l'établissement ne voyait aucun inconvénient à ce qu'il vienne travailler.

Plus les jours passent, et plus je me dis que nous avons pris la bonne décision. Je ne suis pas pour le confinement total, le blocage entier du pays. Même si cette organisation implique quelques contraintes, économiquement ce n'est pas un problème. Si nous pouvons continuer à travailer pendant cette crise sanitaire, je serais fier de pouvoir verser un salaire à mes gars.

Il y a aussi cette volonté de protéger nos clients. Ce weekend, je vais changer tous les filtres du système de climatisation d'une maison de santé qui a ouvert il y a moins d'un an. Si j'avais arrêté de travailler, je n'aurais pas pu les rassurer.

Comment faites-vous pour les approvisionnements ?

C'est finalement le plus compliqué dans cette période. Heureusement, nous avions beaucoup de quincaillerie et de raccords en stock, mais pour les équipements, c'est un peu plus problématique. Je remercie grandement certains distributeurs qui continuent de travailler, comme Cedeo, dont l'agence de Reims assure, certes, un service minimum, mais qui suffit pour répondre à notre demande. Si je ne peux pas dépanner mes clients, j'aurai tellement honte !

Et les fabricants ?

Eux aussi continuent de tourner, le problème est plutôt du côté des transporteurs. Certains surfacturent le déplacement vers certains déplacements, comme le nôtre, pour ne pas avoir à faire le trajet. J'ai même l'exemple d'un transporteur qui refuse de livrer mon département, la Haute-Marne. Ce sont des ordures ! Chacun doit faire des efforts en ces temps de crise, mais tout le monde ne joue pas le jeu, et ça, ça m'énerve.