Johanna Tamietti - Richert, gérante d'une entreprise d'installation dans les Alpes de Haute Provence, a poussé un coup de gueule auprès du gouvernement suite à l'arrêt des aides pour la pose d'une chaudière gaz dès le 1er janvier 2023.

Pourquoi êtes-vous en colère à l'approche de la suppression de l'aide MaPrimeRénov' pour la chaudière gaz ?

Je suis vraiment contrariée de voir ce gouvernement faire la sourde oreille suite à nos nombreuses mises en garde et parler d’écologie alors que nous savons que son but est d'électrifier le parc alors que nous n'avons déjà pas assez d'électricité. En se taisant, nous cautionnons une erreur fondamentale de nos bien-pensants. Pourtant, je le rappelle ici encore, il est impossible pour certains foyers de se passer de chauffage au gaz pour de simples raisons techniques. Le nombre de ménages raccordés au gaz où l'installation d'une PAC air / eau n'est pas compatible se compte en million !

Qu'en est-il des autres technologies ?

On me parle de géothermie, mais clairement, la solution n'est pas à la portée de tous les professionnels sur le terrain. J'ai aussi entendu que le raccordement à un réseau de chaleur en remplacement du gaz devait se démocratiser. Mais venez à Digne-les-Bains ! Vous verrez, il n'y a pas de réseau de chaleur dans nos campagnes !

Et la biomasse ?

En logement collectif, les gens subissent. Ils ne peuvent pas poser de poêle à granulés ou de PAC, mais par contre ils se chauffent aux grille-pains électriques ou pourront faire installer une chaudière gaz que l'Etat ne subventionnera plus. Et en maison individuelle, on aide tous ces gens qui n’ont pas d’argent à se payer des installations à 15 000 € et qui n’auront pas les moyens de réparer les équipements. C'est génial ! Quand je fais un devis pour un client, je réalise un comparatif de plusieurs technologies et incluant le coût de la maintenance. Il faut avoir conscience que pour une chaudière granulé, l'entretien coûtera 400 €, ce n'est pas rien !

Comment se sentent vos clients justement ?

Ils sont inquiets, forcément, et un peu perdus. Certains voudraient agir vite par peur. Je leur répète de plus en plus qu'il est urgent d'attendre. Je leur conseille de temporiser s'ils ne sont pas contraints de changer d'équipement et de voir ce que l'avenir nous réserve. Les défauts d'approvisionnement des énergies n'aident pas. Entre le granulé qui passe de 6 € le sac à la frontière italienne à 18 € par chez moi, le prix du gaz qui a pris 35 % et l'électricité qui va flamber aussi, le mieux est véritablement de ne pas se presser.

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