Pierre Vaillard, développeur des métiers de la ventilation au sein des Compagnons du Devoir et du Tour de France, s'est confié à Génie Climatique Magazine sur l'évolution et la reconnaissance du métier de ventiliste.

« Mon métier, ce n’est pas du vent ! »

Comment êtes-vous devenu ventiliste ?

Lorsque j’ai débuté mon Tour de France, comme beaucoup, mes premières expériences tournaient autour de la plomberie et du chauffage, notamment à Paris. Mais rapidement, l’un de mes employeurs à Grenoble m’a donné l’opportunité de découvrir vraiment le milieu de la ventilation, essentiellement dans le tertiaire et l’industriel. J’ai par exemple eu la chance d’installer des gaines d’unité de traitement de l’air sur le site de l’accélérateur à particules, le Synchrotron. Cette expérience a été enrichie plus tard à Nancy, quand j’ai travaillé pour une entreprise d’installation qui œuvrait également beaucoup en tertiaire. Je me suis perfectionné sur la pose de CTA mais pas que ! J’installais aussi des systèmes de ventilation pour le résidentiel. J’ai appris à maîtriser la VMC simple et double flux au fur et à mesure de ces emplois. Et j’ai pris conscience de l’importance de l’impact d’une bonne installation d’un système de ventilation, pour la santé des gens et du bâtiment.

Pourquoi avoir voulu former d’autres à ce métier ?

Après mon Tour de France, lors de ma première année de compagnonnage, j’ai compris à quel point il était enrichissant d’échanger entre confrères. Je me suis aussi rendu compte que la filière avait un réel besoin de gagner en compétences pour défendre la qualité de l’air intérieur et la ventilation dans les bâtiments. Mon prédécesseur au sein des Compagnons du Devoir et du Tour de France était le premier chargé de mission pour le développement de la ventilation. C’était un passionné, qui bénéficiait d’une très belle expérience dans le domaine. Les réflexions étaient déjà avancées sur le sujet quand j’ai pris sa succession. Et elles se sont accélérées avec le Covid, où la ventilation a pris une autre dimension. Il y a une réelle importance à faire ce que nous faisons aujourd’hui. L’enjeu est économique et écologique, mais aussi de santé publique. Il faut mettre en avant les solutions qui existent et former les jeunes à cette pléthore de systèmes de ventilation possibles, et leur particularité en fonction des applications.

Est-ce que c’était mieux avant ?

Pour moi qui suis issu du terrain, c’est un changement radical de monde ! Il y a évidemment la pédagogie et la formation, que j’ai découvertes, mais surtout un véritable enjeu politique, la ventilation étant de plus en plus au cœur des préoccupations de la filière. Heureusement, on peut voir émerger de belles associations comme l’AFV, véritable consortium entre les industriels et les organisations professionnelles, où tous partagent la même envie : redonner la place qu’ils méritent dans les bâtiments aux systèmes de ventilation.

Ventiliste, demain, un vrai métier à part entière ?

C’est tout ce que je souhaite ! Aujourd’hui, ce n’est pas forcément la volonté générale. L’idée est d’abord de monter en compétences les plombiers chauffagistes qui se forment et qui sont déjà en activité. Mais demain, j’espère que les prochains installateurs pourront choisir de n’être que des ventilistes s’ils le souhaitent. On dit souvent que nous aurons toujours besoin de plombiers chauffagistes. Je pense que le vecteur air va devenir une priorité dans le Bâtiment à l’avenir. Espérons qu’on dise dans quelques années que nous aurons également toujours besoin de ventilistes !

La Bio

Rentré chez les Compagnons du Devoir et du Tour de France à 15 ans pour passer son baccalauréat professionnel en alternance, Pierre se découvre défenseur de la QAI lors de son Tour de France, grâce à des expériences dans le tertiaire et le résidentiel. À tel point qu’il écrira un mémoire sur la qualité de l’air intérieur et les systèmes associés à la fin de son DEUST. Aujourd’hui, il peut se féliciter d’avoir permis l’ouverture en septembre à Amiens de la première formation sur un an au métier de ventiliste grâce au CQP co-développé avec l’UMGCCP.

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