Noé Picariello.
Le secteur de la pompe à chaleur fait face à des défis significatifs, comme en témoigne la stagnation des ventes depuis la fin de 2023 et les baisses enregistrées au début de 2024. Les industriels se sont mobilisés lors de la journée de la PAC le 14 mars dernier pour comprendre les causes de cette tendance et y remédier.

 
 

Les acteurs du secteur de la pompe à chaleur étaient tous présents. La journée commence par le discours de François Deroche, président de l’Afpac, « Le marché de la PAC connait un essoufflement ». Le ton est donné. Les résultats ne sont pas bons. Les chiffres de ventes de pompes à chaleur ne se portent pas mieux qu’à la fin de l’année 2023. Janvier avait enregistré -3% de ventes et février -12%. Cette diminution pourrait résulter de divers facteurs, tels que des conditions économiques changeantes, des ajustements réglementaires ou des avancées technologiques. Quoi qu’il en soit, les adhérents de l’Afpac entendent agir.

Affronter la crise

Première annonce, l'Afpac évoque la création d’un centre d'expertise. Ce centre baptisé CPAC aurait pour but de référencer les bonnes pratiques pour maintenir la qualité des installations de PAC.

L’Afpac peut d’ailleurs compter sur le soutien de l’administration,Diane Simiu, Directrice du climat, de l'efficacité énergétique et de l'air pour le Ministère de la Transition écologique et de la cohésion des Territoires a en effet déclaré : « notre rôle est de lutter contre les idées reçues, selon lesquelles une PAC ne marcherait pas par grand froid par exemple. Nous allons publier un vrai/faux et faire de la pédagogie ».

Deuxième annonce, l’Afpac a lancé officiellement son nouvel outil en ligne  d’évaluation acoustique pour les PAC à destination des installateurs.Il permet un calcul, à titre préventif, du niveau de nuisance sonore probable, selon l’appareil et l’environnement.

Et les chiffres ?

Au cours de la journée dédiée à la filière de la Pompe à chaleur, un constat préoccupant a été souligné : un manque de données. Malgré les chiffres de vente fournis par Uniclima, ceux de l'année 2023 ont été jugés incomplets, laissant un manque d'informations crucial sur des aspects tels que la qualité, le rendement et les performances des équipements. L'Ademe a annoncé plusieurs projets d'études en cours, visant à combler ce manque d'informations. Les résultats sont attendus pour l'été 2024.

Les dispositifs en place sont-ils efficaces ?

Reste que la bonne santé du marché dépend largement des dispositifs d’incitation. Lors d'une discussion portant sur l'efficacité des aides actuelles, Mathilde Pierre, Cheffe du bureau des économies d'énergie et de la chaleur renouvelable à la Direction générale de l'énergie et du climat (DGEC) a mis en avant le soutien considérable accordé à la pompe à chaleur dans les dispositifs en vigueur. Elle a noté une dynamique positive dans l'attribution d'aides pour ce dispositif, avec environ 140 000 dossiers bénéficiaires, totalisant près de 500 millions d'euros d'aides.

Un point de difficulté persiste : la mise en place du réseau Mon Accompagnateur Rénov', un acteur incontournable et obligatoire pour accompagner les travaux. De nombreuses inquiétudes ont été soulevées quant à la disponibilité de personnel pour répondre aux nouvelles exigences imposées par la réforme MaPrimeRénov', en vigueur depuis 2024. Un point que le Gouvernement entend traiter, puisque Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, et Guillaume Kasbarian, ministre délégué au logement, ont confirmé, lors de leur entretien avec la Capeb et la FFB, la mise en place d’actions pour augmenter rapidement le nombre de structures agréées.

Annonce pour la formation

 Reste que, par-delà les aléas de la conjoncture, le développement de la filière PAC nécessite de la main-d’œuvre qualifiée. Lors d’une table ronde intitulée « 30 000 nouveaux emplois à pourvoir en 3 ans : Un défi pour la filière ». Sabine Lestrade, cheffe du bureau des diplômes au ministère de l’Education nationale annonce la création de 11 diplômes dans le secteur de la rénovation énergétique des bâtiments qui pourront fournir 10 000 diplômés/ an capables de travailler dans le secteur de la rénovation énergétique. Elle encourage aussi les entreprises à engager ces jeunes diplômés : « Je peux comprendre que vous souhaitiez engager plutôt une personne de 42 ans avec de l’expérience dans le secteur du bâtiment qu’un jeune de 19 ans mais il faut leur faire confiance » Il est noté que les stages de 3ᵉ et de seconde ouvrent des portes vers diverses filières professionnelles dont ceux de la rénovation énergétique notamment grâce à l'émergence d'une plateforme répertoriant les entreprises accueillant des stagiaires.

De plus, les formations intensives de reconversion professionnelle gagnent en popularité en France, offrant une réponse concrète à la pénurie de main-d'œuvre. Ces initiatives prometteuses ouvrent la voie à un avenir florissant pour la filière en quête de nouveaux talents.

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