Cyril Villemain, directeur général d'Alterea Groupe, livre à Génie Climatique Magazine son avis sur le décret d'obligation d'automatisation et de régulation de chaleur dans les bâtiments tertiaires paru cet été.

Que pensez-vous du décret paru au Journal officiel le 21 juillet sur l'obligation des systèmes d'automatisation et de contrôle, ainsi que la régulation de chaleur dans les bâtiments non résidentiels d'ici 2025 ?

C'est une très bonne nouvelle, ces systèmes sont indispensables. Ils ont pourtant souvent été mal considérés par les maîtres d'ouvrage. Il faut dire qu'il y a quelques années, pour vendre leurs systèmes d'automatisation, l’argument des constructeurs était qu'il n'y avait pas besoin de s'en occuper, et que le résultat serait garanti. Ce qui est faux. Bilan : déception des maîtres d'ouvrage qui sont devenus réfractaires à la mise en place de ces systèmes, ne voyant pas l'intérêt.

Qu'est-ce qui a changé ?

Le discours ! Et aussi la montée en compétences de toute la filière : électriciens, chauffagistes, bureaux d’études, maîtres d’ouvrage... Et la naissance d’un nouveau métier : Intégrateur de systèmes d’automatisation. Ce métier est à mi-chemin entre le monde du bâtiment et celui du numérique. Maintenant, on explique qu'il faut concevoir le système, le mettre en œuvre correctement et réaliser une réception digne de ce nom, mais aussi, le mettre à jour, et l'entretenir pour qu'il soit efficace et permette une réduction effective de la consommation énergétique. Un bâtiment peut économiser entre 10 et 30% rien qu'en reprenant en main le système de pilotage !

Tout le monde est-il prêt pour ce changement ?

Cela dépend. D'un côté, il y a les bailleurs sociaux et les collectivités, qui se doivent d'être exemplaires et sont déjà très attentifs à l'environnement, mais aussi à la maîtrise des charges dont les coûts énergétiques. Eux ne sont plus à convaincre. De l'autre côté, il y a le tertiaire privé, qui base une majorité de sa stratégie sur un retour sur investissement très court, de trois ans maximum. Il y a donc encore de la pédagogie à faire pour qu'ils comprennent l'intérêt des systèmes d'automatisation. Avec ce décret, dans tous les cas, cela devient obligatoire !

Ce décret peut-il participer à la relance économique post-confinement ?

Le texte, tout comme le plan de relance, montre une avancée de maturité du marché. Il faut maintenant que les secteurs ne soient pas trop hésitants quant à la reprise d'activité.

Sentez-vous une incertitude auprès de vos clients ?

Chez les bailleurs sociaux et les collectivités, même si il y a eu un ralentissement pendant le confinement, ils se doivent de montrer l'exemple et sont donc toujours restés actifs sur ces sujets. Aujourd'hui, nous constatons un vrai redémarrage avec de nouveaux appels d'offres. En revanche, la reprise est plus mesurée dans le tertiaire privé. Nous remarquons un peu de latence. La fin de l'année sera certainement un peu plus perturbée pour ce marché.

Et vous, comment imaginez-vous ces prochains mois ?

Nous restons pragmatiques, et traitons les sujets au jour le jour. Nous avons réussi à passer cette crise inédite avec sérénité, et la solidité du Groupe nous permet d'avoir des plans de charges remplis et donc de la visibilité, avec des clients satisfaits qui continuent à nous faire confiance. Notre plan de développement a certes été temporisé cette année, mais pas du tout remis en cause pour les années qui viennent, nous avons des perspectives très rassurantes. Et signal fort, nous continuons à embaucher activement, avec des recrutements divers sur tout le territoire français.

">