
Qu’est-ce qui a conduit le groupe Lorans à traverser ces derniers mois une zone de turbulence ?
Des difficultés structurelles sont apparues il y a un an. Nous étions sur une double approche : d’un côté nous poursuivions notre activité de distribution de consommables dans l’univers du sanitaire, de l’autre nous avancions sur la proposition d’une offre servicielle haut de gamme à destination des acteurs du génie climatique. Le fait d’être hybride rendait notre positionnement flou et nous pénalisait. D’autant plus que la distribution de consommables, notre modèle historique, est aujourd’hui un marché où quelques gros acteurs, capables grâce à de gigantesques volumes de livrer de plus en plus vite et de moins en moins cher, règnent en maître.
Mais comment avez-vous été amené à passer par la case « plan de cession » ?
Nous avons reçu un gros coup en octobre 2019, lorsque notre assurance-crédit a été levée. Un vent de panique a alors soufflé chez nos fournisseurs et notre modèle économique a très vite été ébranlé. Nous nous sommes alors mis en ordre de marche pour relancer la machine mais la Covid est arrivée derrière et, est venue tout gripper.
L’entreprise a était placé sous protection du tribunal. La situation avec le virus ne permettant pas d’en sortir par un plan de continuation, mon père a alors décidé de mettre en place un plan de cession. Dès lors, tout ou partie de l’entreprise devait être liquidé. Plusieurs acteurs se sont positionnés et sont venus le 30 septembre présenter leurs plans de reprise en audience au tribunal de Rennes. Finalement, le 14 octobre, mon dossier a été retenu pour la reprise d’une partie du fonds de commerce.
Vous n’avez donc pas repris la totalité ?
J’ai repris la partie du fonds de commerce orienté sur le génie climatique car je voulais profiter de ce moment pour recentrer l’entreprise sur ce qui peut la faire grandir demain.
Vous l’avez repris seul ?
Lorsque j’ai annoncé à l’entreprise que je me positionnerai dans le rachat, plusieurs cadres sont venus me voir pour me proposer de la racheter avec moi. Nous avons donc monté une SAS avec un groupe de salariés.
Comment avez-vous vécu cette étape ?
Ce fut à la fois un mélange de sérénité et d’énorme stress. Car si un candidat à la reprise mettait plus d’argent et annoncait plus d’embauches, nous pouvions perdre la main sur une entreprise familiale octogénaire. Avec du recul, je me dis aujourd’hui : mon grand-père a dû la réinventer, mon père a dû la réinventer, mon temps était venu…
Quel impact cela va avoir concrètement ?
Si nous maintenons une gamme historique sur la plomberie et les réseaux, nous abandonnons le sanitaire, les petites raccords ou encore l’outillage. Donc, de fait, la première évolution se situe d’abord au niveau du stock. Nous passons d’un entrepôt de 15 000 m² de stockage avec 20 000 références livré à J+ 1 à un atelier logistique de 3 000 m² avec 10 000 références. Evidemment en se focalisant sur la clim, la ventilation et la PAC, équipements qui prennent nettement plus de place que des consommables, nous réduisons drastiquement les volumes stockés.
Cela va-t-il également impacter votre organisation ?
L’organisation évolue et nous recentrons tout autour d’une équipe de techniciens métiers, chacun expert d’un domaine.
Côté industrie ce sont des nomades qui vont faire des audits d’installations existantes pour déclencher un chiffrage et qui sont capables de faire derrière la mise en service, partout en France.
Côté génie climatique, le cœur du réacteur est une équipe d’une quinzaine de sédentaires proposant à l’installateur des packages sur-mesure pouvant être livrés sur chantier, de manière cadencée, en fonction de l’avancement. Entre les sollicitations des commerciaux et les particuliers qui les challengent sur leur terrain, les installateurs peuvent avoir du mal à y voir clair. Nous sommes désormais pleinement engagés à leur offrir un espace de dialogue à la fois moins contraignant et plus efficace.
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