Le nordiste Laurent Henry est un ventiliste qui s’est découvert sur le tard. En 2009, alors responsable d’unités de production pour une multinationale, il souhaite améliorer les systèmes de chauffage et de ventilation de sa maison. Décidé à faire poser une VMC double flux thermodynamique chez lui, il cherche, en vain, un artisan ou une entreprise capable de répondre à ses besoins. Face à l'impossibilité de trouver un professionnel compétent, il se décide à installer lui-même l'équipement. Persuadé que nombre de particuliers doivent se retrouver dans la même situation, il se décide alors à créer une activité de ventiliste. « Je m’étais toujours lancé le défi de créer ma propre entreprise avant mes 40 ans, confie Laurent Henry. Je voulais créer quelque chose de différent de ce qui existait déjà. Devenir un pro de l’installation de la ventilation est apparu comme une évidence après cette expérience ! »
Apôtre de la double flux
Laurent Henry retourne alors sur les bancs de l’école à travers le cursus Audace, une formation aux compétences entrepreneuriales délivrée à Lille durant trois mois. Il y apprend le marketing, la comptabilité, les méthodes d’un bon recrutement et certains aspects juridiques, avant de présenter devant un jury son projet d’entreprise. « J’ai été lauréat du réseau Entreprendre Côte d’Opale, ce qui m’a permis d’avoir un accompagnement dans le développement de mon business plan sur trois ans. » Rapidement, Laurent Henry arrive à se faire connaître dans sa région et devient un apôtre de la VMC double flux. Mais sa clientèle reste limitée aux ménages sensibilisés à la qualité d’air intérieur. « Agir pour une meilleure qualité de l’air intérieur est encore un marché de niche, avoue Laurent Henry. Les gens restent plus attentifs à avoir une belle salle de bains plutôt qu’à respirer un air sain chez eux. » Alors pour démocratiser son activité, Laurent Henry s’entoure d’autres artisans autour de la rénovation énergétique pour créer, ensemble, le groupement Aramis. « Plutôt que d’une addition de solutions sans résultat assuré, nous travaillons en équipe sur les projets pour garantir une optimisation de chacun des dispositifs. » D’autant plus que Laurent Henry est convaincu que pour bénéficier au maximum des avantages d’une VMC double flux, il faut l’anticiper dès l’élaboration des plans avec l’architecte.
Prêcheur de la QAI
Persuadé qu’il ne peut se développer seul, il rejoint l’UMGCCP-FFB. Et sa défense de la double flux le conduit à intégrer le CD2E, le collectif regroupant des acteurs de la construction passive dans les Hauts-de-France. « C’est mon petit côté écolo » confesse Laurent Henry. Cet engagement l’amène à être mandaté par la FFB pour faire évoluer le DTU ventilation et notamment y intégrer la double flux. « J’étais plutôt fier d’être à l’origine de cette évolution du DTU, et surtout satisfait d’intégrer au texte des techniques qui permettent une QAI améliorée. » Laurent Henry devient le ventiliste à inviter lorsqu’il est question de qualité de l’air intérieur. Il multiplie les interventions dans différentes conférences et tables rondes, mais n’oublie pas pour autant son métier. « Je continue de me rendre chez les fournisseurs pour noter les évolutions des rendements et des performances des systèmes de ventilation. » Si aujourd’hui, Laurent Henry travaille avec trois salariés, il espère que l’air intérieur aura droit demain à autant d’attention que la pollution extérieure et ainsi voir son activité grimper en flèche. En attendant de voir si le sujet sera inscrit dans la RE 2020, Laurent Henry reste confiant sur l'évolution des mentalités, il prépare d'ailleurs ses employés à gagner en autonomie pour gérer eux-mêmes de nouveaux collaborateurs et mener de front encore plus de chantiers.