Le Syndicat français des chaudiéristes biomasse a incité la semaine dernière les installateurs à "prendre le virage du bois". Est-ce envisageable de massifier de manière exponentielle ce marché ?
À un moment je pense qu’il faut être réaliste. Le remplacement d’une chaudière au gaz ou fioul à l’identique nécessite généralement peu de technicité, la plupart des installateurs ne recalculent même pas la puissance de la chaudière.
Pour le passage au bois il est impératif de refaire un calcul de déperdition de l’habitat. Une chaudière mal dimensionnée c’est une chaudière qui ne fonctionnera pas comme il faut. De même le tubage, les volumes d’eau et le vase d’expansion demandent à être étudiés précisément.
Avec de telles annonces, je pense que c'est la porte ouverte aux contre-références comme on a pu le voir il y a une dizaine d'années avec les pompes à chaleur. Néanmoins, je suis convaincue que le bois-énergie peut et va se développer rapidement. Il faut cependant que les fabricants accompagnent vraiment les installateurs, et je pense que la pose de 100 000 chaudières biomasse en une année est un mauvais effet d'annonce, un objectif irréaliste.
Quelle solution remplace le mieux le fioul ?
Cette question, on me la pose tous les jours… Et je n’ai pas de réponse miracle. En effet, il y a tellement de contraintes à prendre en compte qu’il n’y a pas de solution idéale. Et puis, il y a la question de budget aussi qui pèse énormément dans la balance. Aujourd’hui, mes clients qui ne répondent pas aux critères de l'Anah donnant droit à des aides allant jusqu'à 50% du montant des travaux, vont avoir plus tendance à rester sur les énergies traditionnelles comme le gaz. Si par chance l’habitat de nos clients permet une multitude de solutions, nous proposons des comparatifs (investissement, consommations annuelles et entretien). Enfin, comme chaque énergie à ses avantages et ses inconvénients tout dépend également du confort recherché, et des motivations du client. S'il veut réduire son empreinte carbone ou ses consommations d'énergie, nous n'apporterons pas la même solution.
Certains industriels de PAC parlent de marché en tension, avez-vous des difficultés d’approvisionnement ? Ressentez-vous également cette tension ?
Oui depuis deux mois nous sommes sur un délai moyen de cinq semaines. C’est compliqué mais comme nos plannings sont également chargés, cela permet de temporiser un peu. Néanmoins, dans des cas d’urgence, cela complexifie la tâche car nous ne pouvons pas être aussi réactifs que d’habitude. Nous sommes alors obligés de proposer une solution d’attente par le prêt équipements électriques d’appoint.