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Pourquoi la géothermie ne prend pas ?

Elle souffre selon moi d’un manque de notoriété. Quand on dit pompe à chaleur, les gens pensent aérothermie, jamais géothermie. Il y a un engouement à faire naître pour cette technologie qui, en hiver, maintient une performance stable et élevé quel que soit la température extérieure et, en été, permet le rafraîchissement.  

Il y a pu également avoir trop de contre-références avec des captages horizontaux pour des pavillons neufs. Mais l’avenir de la géothermie est en rénovation et il faut « remarketer » l’offre en ce sens.

L’investissement peut également repousser plus d’un ménage.

Effectivement l’installation est techniquement plus complexe et, nécessitant deux intervenants, un foreur et un installateur, a un coût plus important. Mais si l’investissement est plus élevé, les économies sur la facture énergétique le sont également !

La technologie est-elle adaptée à tous les bâtiments ?

Il ne s’agit pas de vouloir mettre de la géothermie à toutes les sauces et d’en implanter partout. Elle convient à de plus grands volumes que la PAC air/eau. Son intérêt économique émerge à partir de 300 m², pour des typologies de bâtiments tels les corps de ferme que l’on retrouve abondamment dans nos campagnes. C’est donc une solution idéale pour les familles d’agriculteurs modestes qui ont du mal à se chauffer aujourd’hui à cause de factures de fioul trop élevées.  

La géothermie pourrait également parfaitement trouver sa place dans les nombreux bâtiments publics implantés en milieu rural tels les bâtiments scolaires, les salles des fêtes  qui ne bénéficient ni de réseaux de chaleur, ni d’accès au gaz et qui sont aujourd’hui chauffés au fioul, à l’effet Joule ou voir même au charbon. N’oublions pas que les 3 millions de chaudières fioul recensées ne sont pas toutes installées en maison et qu’il y en a également un grand nombre dans les bâtiments publics.  

Mais pourquoi vouloir réscuscciter la géothermie aujourd’hui ?

C’est la volonté du gouvernement de supprimer le fioul qui a complétement changer la donne. Si on continuait à installer des chaudières fioul à condensation aidées je ne serais pas aujourd’hui en train de parler de PAC géothermique. A l’heure où il est possible de combiner un « Coup de pouce » de plusieurs milliers d’euros, un crédit d’impôt de 30% et les aides de l’Aanah, tout est en place pour faire connaître cette solution trop méconnue et la remettre en tête de gondole. 

Ne reste-t-il pas des freins à lever ?

C’est du côté des foreurs qu’il convient avant tout de faire bouger les choses. Sur 150 entreprises référencées foreurs  seulement 80 sont « RGE Qualiforage ». Il y en donc très peu au niveau national et il faut monter en puissance pour arriver rapidement à 100. Cela ira de pair avec une promotion du marché car une entreprise de forage n’a aucun intérêt à investir dans une qualification RGE si c’est pour faire 3 forages géothermiques dans l’année…

Mais il faut également massifier le nombre d’installateurs de PAC géothermique et mieux les identifier.

N’importe qu’elle entreprise QualiPAC a les compétences pour se mettre à la géothermie ?

Elle maitrise déjà les grandes lignes. Elle va simplement devoir recevoir une formation complémentaire pour être à même de dimensionner les sondes et la pompe de forage en m3/heure et travailler en collaboration avec un foreur. Les fabricants de PAC géothermiques ou encore le Costic proposent ce type de formations complémentaires.

Le matériel de forage est-il adapté à la petite géothermie ?

Il existe déjà des petites machines ultra-compact avec chenille en caoutchouc pour ne pas abimer le gazon et capable de se mouvoir avec une précision chirurgicale pour ne rien toucher dans le jardin.  

Ne faudrait-il tout de même pas également activer d’autres leviers pour faire naître l’engouement ?

Effectivement il manque une incitation ciblée géothermie. Il faudrait, comme en Allemagne, un « Coup de pouce spécifique » qui finance mieux la géothermie que l’aerothermie. Mais, qui qu’il en soit, il ne faut pas vouloir faire émerger soudainement un engouement trop brutal. Un peu comme pour la PAC hybride, la PAC géothermique nécessite d’avoir des installateurs multi-compétents et il faut donc, pour que la qualité soit systématiquement au rendez-vous, y aller progressivement mais sûrement.