Quelle a été votre réaction lorsque vous avez pris connaissance des primes, et de leur répartition, en remplacement du CITE annoncées pour janvier 2020 ?
Pour nous, le compte n'y est pas. Les montants prévus de plusieurs primes ne sont pas du tout suffisants. C'est le cas des menuiseries, où le texte initial annonce 15 € par fenêtre. Une somme pareille ne paie même pas la quincaillerie ! Et ne parlons pas des chaudières gaz à très haute performance énergétique ! J'ose espérer que l'absence de prime pour cet équipement est un oubli du gouvernement. Il faut arrêter ces politiques par-à-coups, à ne vouloir traiter qu'une partie du problème.
L'autre point de cette réforme qui nous préoccupe beaucoup est la suppression des aides pour les 9e et 10e déciles, soit les revenus les plus aisés. Ils représentent plus de 50 % des travaux de rénovation énergétique ! Les priver du droit aux primes ne sera pas suffisamment incitatif. Seuls les particuliers qui agissent dans une démarche citoyenne continueront à signer des devis. Il faut un système incitatif. Nous sommes en contact quasi-quotidien avec Emmanuelle Wargon, secrétaire d'Etat à la transition énergétique. Un arbitrage du gouvernement, suite aux réactions des différents acteurs, est attendu début de semaine prochaine.
Plus globalement, comment expliquez-vous la hausse du marché du neuf ?
Pour une fois, nous pouvons dire merci aux banques ! C'est effectivement une bonne surprise. Nous avions prévu en décembre que l'activité du neuf chuterait de 2 % dans le neuf, elle a finalement augmenté de 2,5 % entre janvier et septembre 2019 par rapport à l'année dernière à la même période. Personne n'avait envisagé que les taux des crédits immobiliers allaient encore diminuer et que les durées d'emprunt resteraient à un très haut niveau (environ 228 mois).
Nous sommes plus inquiets par la baisse des chiffres en amélioration-entretien, soit la rénovation, qu'elle soit générale ou énergétique. Nous avions prévu une hausse de 0,5 % fin 2018, elle n'est finalement que de 0,3 % à septembre 2019. C'est souvent lié à la forte hausse du marché de l'ancien, qui diminue considérablement l'enveloppe que les particuliers allouaient aux travaux.
Brune Poirson a récemment annoncé une série de mesures pour lutter contre les décharges sauvages, avec entre autres le principe de pollueur-payeur. Qu'en pensez-vous ?
Je tiens déjà à rappeler que 25 % des décharges sauvages viennent du BTP, le secteur n'est donc pas le principal responsable. 80 % des déchets de chantier finissent dans les bennes mises à disposition sur place, et, il est vrai, seulement 6 % vont en déchetterie. Pour le reste, effectivement, on peut se demander où ça termine. C'est souvent lié au travail au noir, ou à un manquement de professionnalisme de certains. Sauf qu'on ne peut pas râler contre les décharges sauvages et demander à un ouvrier de faire 50 km et d'être à la déchetterie avant qu'elle ferme, soit 16h30. Il faut donc axer sur les points de collecte, mais aussi sur leur financement. La FFB estime qu'une contribution prélevée sur une très large gamme de produits et matériaux, également disponibles en grande surface de bricolage, constituerait une solution de financement équitable. Nous attendons maintenant le débat parlementaire de la loi anti-gaspillage, qui doit clarifier toutes ces propositions, d'ici la fin du mois.