On le sait, la France compte sept millions de logements mal isolés, et le secteur résidentiel français représente plus d'un quart (27 %) de la consommation d’énergie primaire. Parce que la rénovation énergétique semble être un levier majeur pour atteindre l'objectif gouvernemental de rénover 500 000 logements par an, l'Ademe a voulu savoir quelles étaient les raisons qui poussaient les Français à entreprendre des travaux chez eux, comment faire pour mieux les accompagner et quel était le juste prix pour ces travaux.
L'enjeu énergétique peu pris en compte
Selon l'étude sur la typologie des Français engageant des travaux, basée sur l'enquête TREMI réalisée par l'Ademe en 2017, plus de quatre Français sur dix (42 %) préfèrent réaliser des travaux au fil de l’eau (un ou deux blocs à la fois), sans véritablement prendre en compte l'enjeu énergétique de cette rénovation. Pour l'Ademe, ces ménages qui souhaitent réaliser des travaux mais qui n’ont pas encore le réflexe d’envisager l’amélioration de la performance énergétique dans leurs projets représentent une opportunité pour les politiques publiques.
En revanche, moins de deux Français sur dix (16 %) entreprennent des travaux grâce à l'effet booster des aides, les incitant à ne réaliser qu'une partie des travaux. Selon l'Ademe, l'enjeu est donc de transformer l'essai, pour les pousser à poursuivre les travaux et parfaire la rénovation énergétique de leur logement.
Quant aux Français ayant été pleinement motivés par l'enjeu énergétique, ils sont encore très peu, seulement un sur dix (11 %). D'après l'étude, il s’agit de ménages récemment installés qui embarquent l’énergie dans leurs projets de travaux, le plus souvent représentés par les ménages plus aisés que la moyenne et vivant en agglomération parisienne dans des logements de grande taille. Encore une fois, l'Ademe insiste sur l'intérêt d'inciter ces ménages à aller plus loin dans leur rénovation énergétique. Mais pour ce faire, encore faut il savoir comment s'y prendre, et à qui s'adresser.
Le suivi client, la clé d'une rénovation énergétique réussie
A partir d’une analyse de dispositifs d’accompagnement existants, l'Ademe a donc réalisé une deuxième étude, dont l'ambition est de réduire le décalage entre les ambitions des politiques publiques et la réalité quotidienne des ménages et des professionnels. En découle une dizaine de pistes pour améliorer les pratiques d’accompagnement des structures concernées, collectivités, associations et professionnels. À titre d’exemple, l’étude recommande aux accompagnants de se doter d’outils de suivi de la relation client, afin de mieux qualifier et caractériser les clients, suivre leur processus de décision, programmer des relances, apporter des informations utiles au bon moment, réactiver éventuellement la relation à intervalles réguliers. Selon l'Ademe, "la maturation d’un projet de rénovation d’ampleur prend du temps, un temps long auquel les dispositifs d’accompagnement doivent s’adapter."
L’étude constate aussi que les dispositifs actuels d’accompagnement à la rénovation sont surtout dans une posture de réponse à la demande des ménages. L'Ademe propose donc qu’un travail de prospection, à partir d’une segmentation des ménages, soit réalisé pour éviter les occasions ratées de la rénovation énergétique.
Justement, pour mieux accompagner les particuliers dans la rénovation énergétique de leur logement, l'Etat a créé le réseau FAIRE pour rassembler tous les acteurs s'engageant dans cette voie. C'est à partir de données collectées au sein de ce réseau que l'Ademe a pu réaliser sa troisième étude sur les prix pratiqués. "L’objectif n’est pas de livrer à chaque ménage un prix idéal des travaux qu’il souhaite réaliser, précise d'Ademe, mais de fournir des fourchettes de prix observés pour les gestes classiques de la rénovation, et des informations sur certains facteurs influençant ces prix, afin de donner à l’ensemble des acteurs des repères."
Jusqu'à 20 000 € pour une PAC air / eau et près de 8 000 € pour une double flux
On apprend ainsi que sur 12 000 gestes de rénovation collectés en 2018, soit avant l'annonce gouvernementale d'éradiquer le chauffage au fioul, un quart (26 %) représentait la rénovation du système de chauffage, 8 % la ventilation et 4 % l'ECS.
Toujours en gardant en tête que ces chiffres ont été recensés avant le "Grand Remplacement" du chauffage, et donc les offres toutes plus alléchantes les unes que les autres, avec parfois leurs dérives et la flambée des prix constatée ces derniers mois sur certains équipements, l'étude révèle que le prix moyen pour l'installation d'une chaudière bois était en 2018 de 5 041 €, pouvant aller jusqu'à 15 085 €, le prix moyen pour une chaudière gaz de 5 286 €, culminant parfois jusqu'à 9 544 €, le prix moyen pour une PAC air / eau de 12 668 €, grimpant jusqu'à 20 939 €, et le prix moyen pour une PAC air / air de 6 629 €, atteignant parfois 14 474 €. Effet notable précisé dans l'étude, les systèmes de chauffage incluant l’ECS ne sont que 15 % plus chers. Quant à la ventilation double flux, le prix moyen pratiqué constaté en 2018 était de 4 493 €, pour une fourchette très haute à 7 812 €. Reste à voir si et comment ces fourchettes de prix ont évolué depuis le Coup de pouce chauffage, et comment elles continueront de varier avec la prochaine réforme du crédit d'impôt...