Après plus de trois ans d'épreuves, le bâtiment de l'AS Rexpoëde peut prétendre au titre de "premier club house à énergie positive". Ambitionnant de faire jouer en équipe capteurs solaires hybrides, PAC, mini-éoliennes, photovoltaïques et batteries de stockage éléctrique, l'équipe de maîtrise d'oeuvre a du jongler entre les aléas économiques, et quelques couacs techniques pour éviter la douche froide d'après-match aux footballeurs.

Pour créer un club house énergétiquement autonome de 350 m², le bureau d'études Solener à Lille avait imaginé un dispositif exceptionnel permettant d'assurer les besoins annuels en chauffage de 5 000 kW, l'orientation et l'isolation du bâtiment ayant été pensées en conséquence, ainsi que les besoins en eau chaude sanitaire annuels de 7 000 kW, fin de match oblige. Un dispositif composé donc, à l'origine, d'une éolienne de 10 kW, de 30 m² de panneaux photovoltaïques et de 100 kWh de batteries pour assurer le stockage de l'électricité d'un côté, et de 30 m² de panneaux solaires hyrides avec une pompe à chaleur eau / eau et une cuve de stockage de 20 m3 pour l'eau chaude sanitaire et le chauffage des locaux, par panneaux rayonnants et CTA. Sauf qu'entre l'idée et la concrétisation du projet, la maîtrise d'oeuvre a du apprendre à dribbler les obstacles.

Tacle par derrière

"Le projet a été mis en stand-by, faute de subvention, explique Nicolas Hache, ingénieur au sein du bureau d'études. Résultat, le tissu économique avait quelque peu bougé et l'entreprise basée dans le Nord de la France qui devait installer l'éolienne de 10 kW avait mis la clé sous la porte... Nous avons alors demandé à un installateur breton de s'occuper de l'éolienne, mais lui aussi a déposé le bilan un mois plus tard ! Heureusement, nous avons rencontré un installateur local, de Boulogne-sur-mer, qui pose des éoliennes avec un mat en bois en forme de tripode, et avec un rotor classique." Problème, ces éoliennes sont un peu plus courtes et moins puissantes que le modèle initialement prévu. "Au lieu d'une éolienne de 10 kW de plus de 12 m de haut, nous aurions pu opter pour deux éoliennes de 5 kW, mais celles proposées par l'installateur étaient plus basses, donc la vitesse de vent était moins importante. Nous savions que la puissance générée ne suffirait pas, donc nous avons opté pour trois petites éoliennes de 5 kW. Il a fallu remouliner toutes nos simulations, cela a pris une grosse semaine, mais nous n'avons pas eu besoin de changer d'autres paramètres du système."

Le problème du vent réglé, le bureau d'études a ensuite été obligé de faire preuve de patience quant à la livraison des batteries. "Nous n'avons trouvé qu'un fournisseur allemand qui était capable de nous livrer ces 24 batteries au plomb étanches, de 140 kg chacune et capables de toutes rentrer dans un local technique de 6 m² !" Mais le club house de Rexpoëde n'était pas le seul chantier du fabricant, qui a priorisé ses clients nationaux avant de livrer les batteries dans le nord de la France. "Nous les attendions pour janvier, nous les avons reçues cet été !" La partie création et gestion de l'énergie électrique étant assurée, le bâtiment pouvait enfin être mis en service. C'était sans compter sur les petits pépins techniques de mise en route de l'installation.

Passe décisive

"Le bâtiment est très technique, justifie Nicolas Hache, il y a beaucoup d’interconnexions entre les équipements, et nous n'avons pas échappé à quelques problèmes de surtension à la mise en service, qui ont endommagé un régulateur. Il n'a pas pu fonctionner sur la pompe à chaleur pendant plus d'un mois, il était alors très compliqué de faire fonctionner les éoliennes et les capteurs solaires." Heureusement, le système a pu suspendre le fonctionnement de la PAC et basculer vers une chaudière électrique de 9 kW, installée en cas, justement, de surtension.

Cette dernière est également là pour ne pas gaspiller un seul électon renouvelable. "Plutôt que de chauffer les petits oiseaux ou le local technique, dès que les batteries sont pleines, et que tous les besoins du bâtiment sont assouvis, on envoie un signal vers l'automate de la PAC qui déclenche la chaudière électrique, permettant de monter l'eau à 90 °C, et la PAC, qui a chauffé l'eau jusqu'à 65 °C, se met sur off. " D'ailleurs, cette eau chaude est judicieusement stockée dans une cuve de près de 20 m3, qui garantit, même en plein hiver, l'alimentation en chauffage et en eau chaude sanitaire durant 5 à 6 jours au lieu de 2 à 3 habituellement. Les footballeurs peuvent donc tacler dans la boue sans hésiter, la douche chaude reste garantie après l'entraînement.

Fiche technique

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Équipements

• Capteurs solaires hybrides et photovoltaïques Dualsun

• Pompe à chaleur eau/eau HelioPAC

• Éoliennes

Poste couverts

Chauffage et ECS d'un bâtiment sportif de 350 m²

Exploitation

Depuis août 2019

Acteurs

• Maître d'ouvrage : mairie de Rexpoëde

• Bureau d'études : Solener (Lille)