L’Agence Qualité Construction et Envirobat Grand Est ont réalisé un manifeste reprenant douze recommandations lors de l’installation et l’entretien d’une pompe à chaleur en rénovation. Ces conseils ont été engendrés par une vingtaine de visites sur le terrain permettant de constater certains défauts tels que le calorifugeage des réseaux ou l’incompatibilité entre l’équipement choisi et le site. Nous détaillons ici quelques uns de ces douze enseignements présentés lors d'un webinaire animé par Samuel Daucé de l'AQC et Cyrielle Leval d'EnviroBat Grand Est, à retrouver sur le site Internet de REX Bâtiments performants.

Ne négligez pas la pose de pompe à chaleur en rénovation

Dimensionnement précis

Il est très important de prendre en compte toutes les données du projet pour bien dimensionner l’installation. Il n’est pas rare de recevoir des devis dont le dimensionnement a été calculé uniquement en fonction des paramètres de surface et d’année de construction du bâtiment. Pourtant, nous le savons tous, les logements et autres sites peuvent avoir connu d’autres rénovations pouvant influer sur le choix de l’équipement. Par exemple, lors d’une visite, sur trois devis proposés, un seul tenait compte du remplacement des menuiseries et de la rénovation de l’énveloppe du bâti pour le dimensionnement de l’installation.

Ne pas intégrer tous les paramètres du bâti, anciens et nouveaux, lors du calcul du dimensionnement risque d’entraîner un surdimensionnement de l’installation. Qui dit surdimensionnement dit forcément surcoût, car l’appareil choisi peut être plus onéreux que celui dont le site a réellement besoin. Le surdimensionnement peut surtout engendrer des courts cycles de fonctionnement, notamment si le volume tampon est insuffisant. La pompe à chaleur ne va cesser de s’éteindre et de s’allumer et devra effectuer une remise en chauffe des composants pour chaque cycle. Une usure prématurée de l’équipement est à craindre. Dans le sens contraire, une mauvaise prise en compte des données du site peut également entraîner un sous-dimensionnement, et donc un inconfort thermique des occupants mais aussi un surcoût pour palier ce défaut.

Afin d’éviter tout mauvais dimensionnement, il est conseillé de vous tourner vers les outils développés dans le cadre du projet Profeel tels que l’application PAC Réno, disponible gratuitement sur smartphone, qui vous guide dès les premières visites chez le client pour bien choisir l’équipement correspondant exactement aux besoins sur site.

Pas d’incompatibilité électrique

Il est arrivé lors des visites de constater que la puissance électrique disponible n’était pas adaptée à la pompe à chaleur choisie. Un installateur m’a notamment rapporté le cas d’une pompe à chaleur triphasée qui avait été choisie, budgétée, commandée et livrée et qui, une fois sur place, ne pouvait pas être installée. Il avait donc fallu commander un nouvel équipement monophasé cette fois-ci, engendrant des coûts supplémentaires et surtout un retard sur chantier. Parfois, cette incompatibilité entre la puissance électrique disponible et celle demandée par la PAC oblige également à changer le compteur, voire à changer d’abonnement électrique.

Bien sûr, un défaut comme celui-ci peut amener des dysfonctionnements sur l’appareil, mais également sur tout le réseau électrique jusqu’à parfois pénaliser les voisins ! Le mieux à faire pour s’assurer de ne pas avoir de mauvaise surprise liée à l’électricité est de vérifier le respect des conditions de raccordement grâce à la fiche Séquelec disponible sur Internet. Il est notamment conseillé de demander au gestionnaire de réseau de vérifier la valeur d’impédance du réseau.

Dans tous les cas, avant l’installation, le mieux sera de contrôler cette compatibilité entre puissance électrique disponible et puissance demandée par la PAC, quitte à prévenir le client d’un possible surcoût et d’un délai supplémentaire pour changer la puissance électrique du site.

De l’espace dans le local technique

Un local technique de taille très réduite contraint fortement l’installation des systèmes et réseaux et entraîne une complexité d’organisation. Dans un espace trop petit, il peut être difficile, voire impossible, d’accéder aux informations détaillant le fluide frigorigène utilisé. Autre inconvénient, cela peut multiplier les coudes et donc augmenter la perte de charge, entraînant un surcoût et une augmentation des bruits hydrauliques. Il faut également être vigilant à la conformité aux réglementations en vigueur, le local doit par exemple respecter la norme EN 378 en matière de volume dans le cas d'usage de fluides frigorigènes inflammables.

Parmi les solutions correctives possibles, vous pouvez dans un premier temps afficher le schéma d’installation et l’ensemble des informations des équipements présents dans le local. Il est aussi recommandé, et fortement apprécié, de prévenir les entreprises intervenant ultérieurement dans le local de son exiguïté.

Le mieux serait, pour éviter d’en arriver là, de concevoir en amont une maquette BIM du local (photo 1) pour évaluer la place nécessaire. La vigilance sera également de mise, non pas uniquement sur le nombre de mètres carrés disponibles, mais surtout sur la hauteur sous plafond dont dispose le local pour éviter d’être constamment courbé lors des interventions.

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AQC
Photo 1 - maquette BIM

Calorifugeage non négligé

Lors des différentes visites sur le terrain a été à plusieurs fois relevé le manque de calorifugeage sur l’ensemble du réseau frigorifique (photo 2). Certaines parties n’étaient pas protégées, engendrant une perte de calories lorsque la pompe à chaleur est en fonctionnement et à chaque démarrage de l’équipement ainsi qu’une surconsommation à cause de la remise en chauffe des composants. Cette absence de calorifugeage entraîne également des risques de condensation et par la suite l’apparition de désordres liés à l’humidité autour de l’appareil.

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EnviroBat Grand Est
Photo 2 - calorifugeage incomplet du réseau frigorifique

Il est donc fortement conseillé de compléter le calorifugeage avec des matériaux adaptés et pérennes ou d’installer des protections mécaniques car ce défaut de calorifugeage peut être dû au grignotage de certains rongeurs ou petits oiseaux ou d’une dégradation à cause des rayons UV.

Pour ne pas en arriver là, en plus de prévoir le calorifugeage complet de l’installation, avec un isolant adapté et recommandé par le fabricant, il peut être nécessaire de sensibiliser les équipes sur le chantier sur la question mais également de prévoir la vérification des isolants à réception et dans le contrat d’entretien.

La vigilance est d’ailleurs équivalente pour le réseau hydraulique. Une installation géothermique découverte lors des visites disposait d’un réseau hydraulique partiellement calorifugé, avec un bout de laine de verre posé pour combler le manque d’isolant (photo 3).

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AQC
Photo 3 - laine de verre posée sur le réseau hydraulique

En plus d’être mal mis, cet isolant est mal adapté. La laine de verre risque de se gorger de l’eau de condensation et accélérer le phénomène de corrosion. De même, pour une installation d’une pompe à chaleur eau/eau, où l’eau de la nappe circule à 13 °C , sans calorifugeage, la condensation se forme et engendre des problèmes de corrosion (photo 4).

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EnviroBat Grand Est
Photo 4 - condensation à cause d'un manque de calorifugeage

Ces phénomènes engendrent une baisse de rendement, donc des surconsommations énergétiques, mais également des températures faussées sur l’ensemble du système et donc un inconfort thermique pour les usagers.

Le mieux, pour ne pas rencontrer ces dysfonctionnements, est de prévoir une isolation continue du système hydraulique, des vannes aux pompes en passant par les coudes (photo 5). Comme pour le réseau frigorifique, il faudra surtout veiller à respecter les préconisations des fabricants quant au choix de l’isolant ainsi que sa vérification à réception du chantier et lors de l’entretien de l’installation.

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AQC
Photo 5 - tout le réseau hydraulique a été calorifugé

Pas d’entretien aux oubliettes

Il arrive souvent que des installations ne soient pas correctement et surtout régulièrement entretenues, comme sur la photo 6 où l’on constate que l’unité extérieure a été quelque peu oubliée. Résultat, la nature reprend le dessus, risquant une diminution des performances du système, mais aussi des pannes ou des fuites et surtout une perte de garantie possible du fabricant si l’entretien n’est pas respecté.

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EnviroBat Grand Est
Photo 6 - unité extérieure oubliée

Rappelons que désormais les pompes à chaleur doivent être entretenues tous les deux ans selon la réglementation. Pour s'assurer d'un suivi régulier de l'étanchéité à l'air, une étiquette est obligatoire sur laquelle nous pourrons retrouver facilement la date du contrôle, et pourquoi pas accompagnée d’un flashcode renvoyant vers le carnet de visite numérique (photo 7). Parmi les bonnes pratiques à respecter, il est fortement recommandé avant tout d’informer l’exploitant de la nécessité, et même de l’obligation, d’un entretien, et de délivrer, lorsque c’est réalisé, une attestation d’entretien durant lequel aura été vérifié l’écoulement des condensats et le cas échéant le bac des condensats vidé.

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AQC
Photo 7 - étiquette de suivi de l'entretien

D’autres points de vigilance sont à garder en tête lors de l’installation d’une pompe à chaleur en rénovation. Notons notamment l’évolutivité du projet lors du dimensionnement de l’appareil. Il est important de se rappeler que toutes les pompes à chaleur ne sont pas forcément adaptées au projet. Il sera également très important de contrôler la conformité des installations phase par phase. Plusieurs outils sont d’ailleurs à disposition des professionnels sur le site Internet de REX bâtiments performants pour accompagner au mieux lors des chantiers.

Cyrielle Leval, chargée de mission bâtiment et aménagement durables chez Envirobat Grand Est

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