L'offensive russe lancée ce jeudi matin en Ukraine fait naître des interrogations sur la dépendance européenne au gaz naturel fourni par Vladimir Poutine.

Conflit Russie - Ukraine : peur sur le gaz

Alors que la Russie a littéralement déclaré la guerre ce matin à l'Ukraine, et plus généralement à l'Europe, en bombardant notamment Kiev, la capitale ukrainienne, l'avenir pourrait devenir plus incertain quant à l'approvisionnement de gaz naturel sur le continent.

" Le gaz russe aujourd'hui c'est 40 % du marché européen du gaz " a rappelé le président de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, devant le forum de la Fédération nationale des travaux publics, avant d'ajouter " si le gaz russe ne vient pas en Europe, on a un vrai sujet de prix du gaz en Europe. " Selon lui, " pour alimenter l'Europe en gaz, soit on a des tuyaux soit on a des terminaux de regazéification où on amène du gaz naturel liquéfié (GNL). Or ils sont tous pleins en ce moment, et on n'a pas assez de terminaux en Europe pour regazéifier le gaz liquéfié afin de remplacer les 40 % de gaz russe. "

Si la crainte est légitime, en France, le gaz russe ne représente cependant que 17 % de nos importations alors qu'en Allemagne, ce taux grimpe à 50 %. En guise de sanction, qui n'a cependant pas ralenti la stratégie armée de Vladimir Poutine, Berlin avait d'ailleurs annoncé mardi 22 février la suspension de la mise en service de l'énorme gazoduc Northstream 2 qui relie la Russie à l'Allemagne, assumant une éventuelle flambée des prix. Mais, pire qu'une hausse du prix du gaz, peut-on craindre la panne sèche ?

Selon la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili interrogée à l'Assemblée nationale ce mercredi 23 février, à moyen terme, il n'y aura pas de pénurie de gaz en France pour deux raisons. D'abord, l'Hexagone dispose de stocks stratégiques selon le gouvernement, à savoir suffisamment pour 90 jours. Ensuite, le pays dispose de trois points d'entrée sur les côtes pour importer du gaz liquéfié de Norvège, aujourd'hui premier fournisseur, d'Algérie et des États-Unis.

Quant à l'évolution des factures de gaz, si les prix ont déjà commencé à s'emballer, certains consommateurs en France sont protégés par le bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement, de quoi éviter de mauvaises surprises. En revanche, c'est une autre histoire pour les entreprises raccordées au gaz de ville, qui pourraient se prendre de plein fouet cette hausse. Peut-être que ce conflit russo-ukrainien pourrait alors être l'occasion pour les solutions d'autoconsommation de s'imposer sur le territoire français ? Ce jeudi matin, lors d'une conférence de presse de Pôle Habitat FFB, son président Grégoy Monod a d'ailleurs confié " les événements en Ukraine montrent que nous devons tourner notre réflexion encore plus vers l’autoconsommation, pour renforcer notre indépendance énergétique. " Reste à voir si et comment ce conflit armé aux portes de l'Europe pourrait influer sur le futur cadre énergétique français.