Frédéric Agar, PDG de Bosch Thermotechnologie France, s'est confié à Génie Climatique Magazine sur les ambitions  thermodynamiques du groupe pour les années à venir.

Fin du fioul, essor de la clim, hydrogène à plugger... la nouvelle stratégie de Bosch

Quel bilan tirez-vous de 2021 ?

C'était une très bonne année. Nous avons progressé de 20 % par rapport à 2019, toutes les familles de produits ayant profité de ce dynamisme. Nous prenons d'ailleurs énormément de parts de marché sur la PAC. Il faut dire que nous partons de beaucoup plus bas que nos confrères. Nous avons donc logiquement des progressions phénoménales, mais qui restent normales. Nous avons également constaté une très forte progression sur la chaudière murale gaz, tant en parts de marché qu'en chiffre d'affaires. Cela prouve que la performance commerciale de nos équipes est très bonne. Peut-être est-ce également parce que nous avons mieux livré que nos concurrents directs en cette période de crise sanitaire.

Le chauffage au gaz n'est donc pas mort ?

Il faut faire la différence entre les postures politiques et la vraie vie, encore plus en période pré-électorale ! Dans la réalité, on ne peut pas se passer d'un mix énergétique. Le gaz est un élément indispensable de ce mix énergétique pour pouvoir ne serait-ce que passer les pics de consommation, qui risquent d'être de plus en plus importants quand on imagine les consommations électriques grandissantes dans l'industrie et la mobilité. Chez Bosch Thermotechnologie, nous sommes très confiants sur l'avenir du gaz à moyen terme. En 2050, il y aura peut-être encore du gaz fossile, mais l’avenir passe par la filière biométhane, l'hybridation, et l'hydrogène.

Êtes-vous prêts pour l'injection d'hydrogène dans les réseaux de gaz ?

On le sera ! L’ensemble des appareils Bosch sont compatibles jusqu’à 20 % d'hydrogène. Actuellement, nous réalisons également des tests sur un prototype pour, à terme, proposer un appareil H2 ready qui fonctionne au gaz naturel et qui serait capable d'être adapté à 100 % à l'hydrogène grâce à l'ajout d'un boîtier qu'on viendrait brancher sur la chaudière. Nous espérons le commercialiser dès 2025.

Qu'en est-il du fioul ?

Nous nous retirons de l’activité fioul pour deux raisons. Le marché résiduel du fioul est trop faible pour rester pertinent aux yeux de Bosch. Et puis, il vaut mieux en faire moins mais le faire mieux. Nous voulons concentrer nos forces pour occuper une place majeure dans les différents secteurs où nous sommes présents. La chaudière murale gaz occupe une grosse partie de notre CA, et ce pour longtemps. Nous aspirons maintenant à devenir un des leaders du TOP 3 sur le marché européen de la PAC air / eau et dans le TOP 5 en France. Nous avons également décidé d’investir très fortement pour figurer dans le TOP 5 de la climatisation résidentielle à court terme en France, soit au plus tard 2030.

Quelle stratégie allez-vous mettre en place pour vous imposer sur le marché de la PAC air / air ?

C'est un gros challenge, nous en sommes conscients. Ce marché compte beaucoup d'acteurs, dont certains sont présents depuis longtemps. Nous allons donc construire notre activité. Nous avons déjà réalisé des fusions acquisitions en amont. Même si nous avons une technologie propre, nous misons sur des partenariats extrêmement forts pour favoriser le développement et structurer notre réseau.

Comment embarquer les installateurs dans cette nouvelle aventure ?

Nous avons d’abord discuté avec nos partenaires chauffagistes historiques en gaz et fioul qui veulent basculer vers la pompe à chaleur. Nous allons continuer d'avancer avec eux. D'ici trois ans, nous allons également travailler avec des frigoristes et climaticiens, notamment au travers de partenariats avec Climaticiens de France et Kaeli par exemple.

Nous avons un atout majeur, la marque Bosch. Quand on parle clim, on parle grand public. Et nous sommes connus du grand public parce qu'on vend des réfrigérateurs, des perceuses... Les gens sont persuadés que nous vendons donc des clims depuis trente ans, alors que nous avons commencé il y a à peine trois ans ! Être déjà reconnu du consommateur final est un vrai plus.

N'avez-vous pas peur d'être ralentis dans votre progression par les défauts d'approvisionnement ?

Nous en souffrons forcément. La hausse du coût des matières premières a été très importante l’an dernier et elle continue en ce début d'année. Nous subissons évidemment des ruptures de composants multiples, mais la puissance du groupe Bosch permet de réaliser des achats centralisés pour moins souffrir de la situation. Oui, nous devons livrer encore énormément de chaudières et de PAC à nos clients, et je n'ai aucune idée de quand la situation se calmera. La rupture des composants accumulée à des marchés en forte progression peut parfois être un peu compliquée à gérer pour nos fournisseurs qui se voient débordés. Heureusement, nous avons appris à être résilients ! Et puis, 2022 sera une année festive pour notre groupe, entre les 90 ans d'e.l.m.leblanc et les 10 ans de Bosch Thermotechnologie France, nous aurons plaisir à célébrer ce centenaire toute l'année et notamment à Interclima avec nos partenaires.

">