Anthony Daviet, gérant d'une entreprise de chauffage et plomberie à Moutiers-les-Mauxfaits en Vendée, attend du gouvernement un discours et des choix cohérents avec la réalité du terrain.






Comment avez-vous réagi suite à l'annonce du confinement ?

Nous pratiquons un métier compliqué, qui oblige d'être toujours disponible pour gérer les urgences de chauffage et d'ECS, mais bien sûr, le confinement est nécessaire pour la santé de tous ! Je préfère que nous nous mettions au ralenti pendant un mois et demi plutôt que de mettre en danger mes employés, et mes clients ! Dans notre entreprise, nous avons mis quasiment tous nos techniciens au chômage technique, sauf un, qui a été choisi par ses pairs. Il est jeune, n'a pas d'enfant, et sa compagne travaille dans l'agroalimentaire, donc suit également un protocole très méticuleux pour éviter la contamination.

Justement, le gouvernement et les fédérations professionnelles ont annoncé la parution en milieu de semaine d'un guide des bonnes pratiques sur le chantier. Qu'en pensez-vous ?

J’ose espérer que nous aurons des contraintes qui viendront protéger nos salariés, mais que le protocole restera réaliste. Au sein de mon entreprise, nous exigeons déjà de porter des gants en latex à chaque intervention de dépannage ou de ramonage, de respecter les fameux gestes barrière, sauf que, concrètement, sur le terrain, nos techniciens sont souvent plusieurs dans le véhicule, ils se servent des mêmes outils, parfois ont même besoin d'être à deux sur une installation... Si le gouvernement veut nous voir continuer à assurer le minimum, nous devons au moins disposer de masques et avoir un point d'eau chez le client pour nous laver les mains. Quand j'entends Muriel Pénicaud dire qu'elle est scnadalisée par la suspension des chantiers, je prendrai volontiers ses enfants en stage sur les dépannages, qu'elle se rende compte si elle veut leur faire courir autant de risques. Bien sûr, il ne faut pas tout bloquer non plus, des entreprises assurent toujours le SAV, les gens ne doivent pas se retrouver sans chauffage et sans eau.

Comment imaginez-vous l'après-coronavirus ?

Humainement, je crois que cette situation aura permis de resserrer les liens entre chefs d'entreprises et employés. Nos salariés se sont rendus compte que nous ne voulions pas les mettre en danger pour faire un peu de chiffre. Ensuite, évidemment, je pense que nous aurons des délais allongés, tout ce que nous n'avons pas eu le temps de faire pendant le confinement va se décaler. Je le précise d'ailleurs sur mes devis, qu'au vu de la crise sanitaire que nous traversons, nous ne sommes pas en mesure d'assurer la disponibilité des produits mentionnés en temps voulu.
Je crains également que les frontières se referment un peu, que les compresseurs venus de Chine soient plus compliqués à obtenir, et que les fournisseurs ne puissent pas assurer leurs délais. Il y a aussi les finances des clients. Les primo-accédants et ceux qui ont un budget un peu serré vont peut-être préférer garder leur argent de côté, de peur de connaître un nouvel épisode comme celui-ci, plutôt que de le dépenser pour une installation ou une rénovation. Et puis j'attends réellement de voir à quelle sauce nous serons mangés avec le chômage partiel. J'espère que l'Etat tiendra ses promesses.