« Nous découvrons des clusters intrafamiliaux à cause de VMC qui ne fonctionnent pas »
Fabien Squinazi, médecin biologiste et membre du Haut Conseil de Santé Publique
« Cette crise du Covid a mis en lumière l’importance de la ventilation. Des chercheurs ont même écrit à l’Organisation Mondiale de la Santé pour soumettre leurs recommandations. Avant cette pandémie, nous savions déjà que la ventilation permettait d'éliminer des polluants atmosphériques. Désormais, nous savons que le Covid-19 se transmet aussi par de fines gouttelettes restées en suspension dans l'air, théorie que nous avions au départ écarté. La ventilation ou l'aération sont donc le seul moyen pour évacuer ces particules fines.
La gestion de la qualité de l'air intérieur revient sur le devant de la scène. Nous découvrons des clusters intrafamiliaux à cause de VMC qui ne fonctionnent pas, ou mal.
Ce virus auquel nous n'avions pas pensé lors de la construction de bâtiments montre qu'il faut désormais réfléchir au risque viral lorsque vous installez un système de climatisation
ou de ventilation. Il faut espérer que les mentaliés évoluent ».

« Les splits sans renouvellement d'air doivent rester éteints »
Francis Allard, enseignant chercheur dans la ventilation et membre de l'AICVF
«Une chose est à retenir depuis la crise du Covid : il faut travailler au maximum avec de l'air neuf. L'impact de la ventilation est donc très important ! Si vous augmentez les débits d'air, vous diminuez la concentration dans l’air intérieur de toutes les particules, et donc des particules virales. Sur des installations centralisées avec une reprise d’air, dès lors que l’installation procède à une filtration performante, il n'y a donc rien à craindre. En revanche, les installations réparties avec des splits ou des ventilo-convecteurs seront plus problématiques. Très peu sont munies de filtres suffisamment efficaces. Les ventilo-convecteurs avec de l'eau froide qui ne font que brasser l’air, sans apport d'air neuf, ne sont pas recommandés. Il vaut mieux les laisser à l’arrêt. Si le bâtiment est composé de bureaux individuels, les occupants ne risquent pas grand-chose dès lors qu’ils seront seuls, mais s'il s'agit d'open-spaces, avec beaucoup de personnes et une clim basée sur très peu d’apport d’air neuf, dans ce cas, il est préférable de ne pas utiliser la clim et de privilégier une ventilation par ouverture des fenêtres ».

« La priorité est de mettre en place une vérification de la ventilation à réception »
Arnaud Meyer, responsable ventilation et traitement de l'air des bâtiments au sein d'Uniclima
« Nous remarquons qu'il y a une vraie prise de conscience de la part du grand public, et de l'administration, quant à l'importance des aspects sanitaires dans le bâtiment. La pandémie et le confinement ont permis de rappeler à quel point il était nécessaire de renouveler l'air à l'intérieur des habitations et des bureaux. Même si la réglementation française date de 1982, et qu'une révision ne serait pas de trop, sa mise en pratique correctement éviterait déjà beaucoup de dysfonctionnements que nous pouvons constater quasiment systématiquement à l'intérieur des bâtiments. Je pense que la priorité est de mettre en place un dispositif de vérification du bon fonctionnement des installations de ventilation à la réception. La période est d'ailleurs assez propice, le gouvernement et les Français ont cette sensibilité post Covid-19. J’espère que la crise que nous venons de vivre fera bouger les lignes et que les fabricants poursuivront leurs efforts pour apporter et développer des solutions qui répondent aux enjeux sanitaires dans les bâtiments ».

« Se tourner vers des filtres peu efficaces pour des raisons économiques serait catastrophique »
Romain Bassani, dirigeant d'Afpro Filters France
« Nous avons reçu énormément d’appels d’utilisateurs de nos filtres, et dont les salariés allaient revenir au travail, dans des bureaux, industries ou autre bâtiments tertiaires. Ils étaient tous très inquiets. Nous étions arrivés à un point où nos clients voulaient mettre des filtres absolus partout ! Il a fallu expliquer à quoi servait la filtration, et que faire au-delà du filtre pour avoir une bonne circulation de l'air, et surtout de la meilleure qualité possible. Le risque de cette crise sanitaire est plutôt d'ordre économique. Déjà avant la pandémie, nous avons constaté que pour des raisons de dépenses énergétiques, certains constructeurs de CTA choisissaient des filtres de faible qualité, pas forcément certifiés Eurovent. Avec la récession, il est à craindre qu'ils cherchent, en plus des économies d'énergie, des économies d'argent, et donc se tournent encore plus vers des filtres peu efficaces sur les fines particules. »
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